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205 deurs en robes , qui portaient leurs grands] écussons. Les Princes, arrivés en cet endroit, firent arrêter leur car- rosse pour recevoir le compliment de M. Yaginay, Prévôt des marchands ; à peine fut-il fini, qu'on entendit une fan. fare de quinze trompettes qu'on avait placés à la descente du p o n t , devant la chapelle du Saint-Esprit. Les princes furent conduits où le Roi avait ordonné qu'on les logeât, et où il avait autrefois logé lui-même, et la du- chesse de Bourgogne après l u i , lorsqu'elle vint en France : ce fut dans la Maison-Rouge, qui est au fond de Bellecour, à l'extrémité du mail. Le maréchal de Yilleroy, comme gouverneur de L y o n , avait fait défendre, sous peine de la vie , de tirer; mais les Princes, par une distinction très-glorieuse pour la bourgeoi- s i e , lui permirent de laisser les pierres et les mèches aux armes qu'elle portait. Dès que Messeigneurs furent dans leurs appartements, on fit défiler sous leurs fenêtres toute la milice bourgeoise. Ils reçurent les présents de ville, qui furent trouvés magnifiques ; a p r è s , ils se mirent aux fenêtres pour admirer la quantité de peuple qui remplissait la place de Bellecour. Quelque temps après, le Consulat leur vint p r é s e n t e r a chacun un livre concernant les principales antiquités et sin- gularités de la ville et de la province, recueillies par le R. P. de Colonia , jésuite. Sur les cinq heures du soir, ils allèrent en chaise à l'opéra de Phaéton : la porce de la salle était gardée par le chevalier du guet à la tête de la compagnie ; leur loge était tapissée d'un velours cramoisi avec des crépines d'or. Après l'opéra, les Princes allèrent souper ; et pendant qu'ils soupaient, on tira tout le canon de la vile et quantité de boîtes. Il y eut le soir de grandes illuminations par toute la ville. DAns la matinée du 10 , trois députés de Genève eurent audience. Ils haranguèrent chacun les Princes en particulier, et les prièrent de leur accorder leur protection auprès de Sa Majesté.