page suivante »
127 Rien n'est beau comme sa cascade, et rien n'est ami comme ses eaux : une fois leur montagne quittée, elles s'em- prisonnent avec une docilité extrême dans une infinité de canaux, pour imprimer le mouvement et la vie à une foule d'usines établies sur cette petite rivière que l'on dirait intelli- gente , animée , et qui justifie la personnification des anciens pour leurs fleuves. Il y a deux mille ans, que déjà , sous la domination ro- maine, le Gier portail à l'ancien Lugdunum, par celte chaîne d'aqueducs dont lss vestiges durent encore, sou eau que l'in- dustrie n'avait point encore dépravée. Il la livrait pure et glacée, comme on la boit à sa source, où elle est tellement froide, qu'il faut bien pardonner à ces anciens dont je viens d'évoquer le souvenir, cette supers- tition de croire qu'il y avait des fontaines dont l'eau se pé- trifiait dans les. entrailles du voyageur altéré Beaucoup courent le monde, s'embarquent pour voir et pour apprendre. A coup sûr, ils cherchent bien loin ce qu'ils ont bien près : mille lieues de côte parcourues ne leur four- nissent pas tous les sujets d'étude que leur offre ce cours d'eau, dans la simple étendue des cantons de Sainl-Chamond et de Rive-de-Gier : ce qui comprend vingt mille pas environ. C'est une promenade d'un jour. Le Furens seul, dont la source n'est qu'à trois quarts d'heure, peut présenter la même variété de tableaux indus- triels , mais avec moins de couleurs et de bigarrures. Cette autre petite rivière, qui enrichit Saint-Eliennè, sort de la même montagne. Ses eaux, par la Loire > vont à l'Océan, et celles du Gier se rendent à la Méditerrannée par le Rhône. On dirait que c'est par esprit de rivalité que ces deux sources, sorties des mêmes flancs , suivent des voies diverses, comme cela se voit dans beaucoup de familles, où les enfants arrivent à la fortune par des chemins opposés. Le Pila , qui nous donne le Gier, a été décrit par Jean-Jac-