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84 ne lui demandez pas de petits enclos frais et v e r t s , de ces étroits vallons où le fini des détails remplace l'ampleur de la composition. Sa patience se résout difficilement à s'enfermer dans une spécialité d'étude ; la lumière , le grand air et l'es- pace sont les éléments avec lesquels sympathise intimement son organisation. D'ailleurs la persistance laborieuse se r e n - contre rarement avec la facilité d'exécution, et celle de Guin- drand tient du prodige? J'ai passé des heures près de son chevalet, et c'était merveille que de voir le pinceau du pein- tre jeter partout la vie devant lui. — Malheureusement il n'y a pas de qualité qui ne soit la cause d'un défaut! On r e p r o - che à Guindrand de ne point assez étudier ses ouvrages ; on lui reproche d'escamoter parfois la difficulté plutôt que de la rendre ; enfin on voudrait une exécution mieux terminée dans certaines parties de ses paysages. Cette année , m o i , je lui reproche d'avoir traité l'Exposi- tion avec assez de dédain. Pourquoi n'avons-nous pas vu reparaître quelque page importante? Sa Vue prise dans les Alpes, la plus grande toile exposée par l u i , n'est point une inspiration heureuse. Soit que la couleur ait poussé au noir, l'effet en est gris et terne. Je n'aime pas ce grand diable de rocher surmonté d'arbres grêles , ni ces nuages lourds et raides. La Vue prise à Châleauneuf est une charmante production; on dirait un tableau fait sur place , tant cela est v r a i , s i m p l e , harmonieux de couleur. — La Vue prise sur les bords de la Loire m e plaît moins ; la composition n'a rien de remarqua- ble , et j'y retrouve un ton de couleur violacé et opaque que je ne saurais louer. La Marine est bien de mouvement et serait parfaite si le ton des eaux; était plus vrai. Quelques violemment agitées que soient les vagues , la teinte générale ne saurait être aussi terreuse. En s o m m e , je déplore que Guindrand ne s'attèle pas à un grandissime ouvrage; lui qui a le sens de l'espace, r e m -