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85 plirait admirablement une immense étendue ; là son imagi- nation se promènerait à l'aise, et avec la puissance de sa v e r v e , nul doute qu'il n'enfantât une belle chose. A l'œuvre donc ! surtout faites selon votre intelligence ; que ce soit l'en- fant de votre cœur! Travaillez-y avec amour, sans compter les jours et les nuits. • Voici un artiste de conscience et de travail ; Duclaux r é - fléchit, observé, é t u d i e , sans se lasser jamais. Comme ces amants dont l'affection ne vieillit p a s , son culte pour l'art a conservé la sincérité et le dévouement de la jeunesse. Peu d'hommes apportent autant de ferveur, de modestie, de dé- sintéressement dans l'exercice de leur talent. Pareil aux pein- tres de l'école flamande , il poursuit la vérité par une étude minutieuse et patiente. Enfermé qu'il est dans un genre spécial, peut-être est-il doué d'idées trop générales, d'un esprit trop fin, pour atteindre le but aussi parfaitement que des intelligences limitées au sentiment et à l'instinct de leur organisation na- turelle. Bien souvent l'instinct est plus sûr que le raisonne- ment ; et j'ai peur que chez Duclaux celui-ci ne domine au détriment de l'autre. En se préoccupant trop essentiellement des portions de v i e , on oublie un peu la vie générale. Du- claux dessine ses animaux avec une vigueur admirable; il s'inquiète avec tant de scrupule du plus imperceptible détail, que sa manière perd cette allure franche et large d'une chose exécutée facilement. Cet artiste ressemble à la dévole espa- gnole de Clara Gazul, qui disait à son confesseur : Une mou- che, est-ce maigre ? Quand il fait une vache , il voudrait comp- ter le nombre des poils de sa r o b e , et n'en pas mettre un de plus. Je crois qu'il faut attribuer à cet excès de scrupule l'espèce de sécheresse de sa peinture. Ce défaut se fait plus vivement sentir encore dans ses pay- sages. A force de compulser, d'analyser l'effet de l'horison., la réfraction du c i e l , les reflets de la l u m i è r e , il finit par voir, non pas ce qui e s t , mais la conséquence de son rai- sonnement. Son œil s'habitue à regarder à travers la loupe