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de tomber. Le lieu de la scène manque d'air et de profon-
 deur; l'esprit se tourmente à bâtir le théâtre de l'action, sans
 arriver à percer l'obscurité de ce pêle-mêle.
    A propos de ce tableau, on a adressé à Guichard un re-
 proche fort grave, celui d'ayoir copié la célèbre composition
de Jordaens : le Roi boit. Ne connaissant pas l'ouvrage de ce
 maître, je ne puis dire jusqu'à quel point ce reproche est
 fondé.
   Le second tableau de Guichard est le Christ aux petits en-
fants. Le peintre a voulu prouver qu'il pouvait à volonté passer
 du grave au doux, du plaisant au sévère. Ainsi, c'est chose
 convenue qu'il n'est plus besoin de sentir profondément pour
 peindre. De même que nos littérateurs prétendent, parce
 qu'ils savent la grammaire , aborder tous les genres, théâtre,
 romans, histoire, poésie., de même nos peintres se croient
 doués du génie de l'universalité. Cela me rappelle quelque
 peu la plaisante scène de ce vaudeville, où l'artiste demande
 si l'on veut du Rossini ou de Mozart, premier numéro, ab-
 solument comirie dans une boutique d'épicier, café Bourbon,
 café moka, café Martinique. Au fait, c'est toujours du café
 au même titre que le reste est de la peinture. Le nom seul
 varie , et pourvu que la notice indique le Christ aux enfants
 ou h Meunier Miçhaud, vous avez une composition reli-
 gieuse ou un sujet familier.
   Le Christ aux enfants est donc classé comme un tableau
religieux. Le peintre combinant ses moyens d'effet, a pensé
qu'il fallait être primitif; il y a tout à gagner à cela ; on
peut se mettre à l'aise et se dispenser des qualités qui cons-
tituent le génie. Aussi, celte composition se distinguet-elle
par l'incorrection de la forme, l'inhabileté du dessin, la pau-
vreté de la couleur; et je ne répondrais pas que Guichard
n'ait fait ainsi sciemment.
   Parler des Natchez,, de Delacroix, n'est-ce point retomber
dans des choses déjà épuisées ? Les parisiens feuilletonistes ,
 grands et petits, n'ont-ils pas émietté tout ce qu'il y avait Ã