Revue du Lyonnais » série 1 - n°7 ( 1838 ) » pp.023

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    Au-dessus de l'embouchure de l'Ain jusqu'au Sault, le lit
du fleuve devient plus régulier. L à , ses eaux r o u l e n t , ma-
jestueuses et profondes, sans obstacle et sans colère , dans
un canal d'une beauté a d m i r a b l e , profondément encaissé
dans des rives élevées, au milieu d'une riche campagne, où
l'on voit la vigne se marier partout à l'orme et au cerisier,
et ombrager au-dessous d'elle les prairies et les moissons.
Cette culture d e l à vigne par hautains, qui est usitée en Italie
 et dans plusieurs parties du Dauphiné e t du midi de la France,
donne à la campagne un aspect incomparable de fertilité et.
de splendeur.
    Nous voici maintenant au pied des Alpes. L'aspect général
du paysage , en approchant de Lagneux, rappelle le fond du
lac de Genève, près Yilleneuve, à l'endroit où les âpres
montagnes qni le ceignent se rapprochent pour former la
gorge du Valais, d'où sort le Rhône. A droite , ou laisse les
ruines imposantes du vaste couvent de Salelles, qui s'éten-
dent jusque sur le bord du fleuve. Nous dépassons la célèbre
grotte de la Balme , dont on aperçoit, à dix minutes de dis-
tance, la gigantesque entrée, creusée dans les flancs escarpés
et au pied des montagnes abrutes qui sont à droite. A quel-
ques minutes plus haut, nous passons sous le pont suspendu
de Lagneux, qui n'a d'autre titre à l'attention du voyageur
que d'être le seul de ce genre qui existe sur le Rhône depuis.
Genève jusqu'à Lyon.
   Dieu merci ! nous voilà quitte ici des belles et riantes cam-
pagnes , comme des plaines arides et monotones, nous e n -
trons tout-à-fait dans le domaine des belles horreurs. Les
Alpes commencent à nous exposer leurs scènes sauvages et
leurs aspects heurtés et grandioses. Les montagnes qui sont
en face de vous, et qui vous entourent presque , présentent
tous ces brusques accidents, ces aspérités, ce cahos de ver-
dure et de rochers en r u i n e s , de pics irréguliers qui carac-r
térisent les paysages alpestres. D'un vaste talus formé par les
débris des sommités supérieures , accumulés durant une Ion»