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ê29 lent dessin, d'une couleur solide, et surtout de la nature la plus vraie; on sent que ce sont des études faites avec amour et conscience. Nous savons que l'autorité a jeté les yeux sur ce tableau, et nous la félicitons de son choix. C'est une œuvre qui doit r e s t e r a notre Musée, et M. Dubuisson, nous en som- mes sûr, tiendra plus à cet honneur qu'à un brillant marché. Dans son Retour à la ferme, M. Dubuisson a enfin aban- donné le ciel gris et nuageux qu'il affecte d'ordinaire, pour un ciel d'un ton charmant exécuté sans fatigue, et des fonds légers et brillants; cette rosse est bien rosse ; mais il élait peu nécessaire, pour rendre la nature de la femme des champs, de la faire ignoble ; sans doute il y a des jambes ainsi faites, mais ce ne sont pas celles que l'artiste doit choisir. Si l'on approfondit l'art en lui même, on trouvera que c'est moins encore l'imitation de la réalité, comme on l'a tant de fois répété, que la science des harmonies, la théorie des p r o - portions. L'art existe dans tout ce qui offre de l'ensemble; tout est de son domaine, depuis le grandiose jusqu'à la charge. Molière s'en est bien permis. Mais l'exagération d'un défaut naturel n'est pas plus de la charge qu'un calembourg n'est de l'esprit. La charrette sortant d'une remise est un des motifs qu'affec- tionne M. Dubuisson; là , il peut se donner ses coudées fran- ches dans l'allure lourde ou vigoureuse de ses chevaux, de ses rouliers, mais nous lui demanderons si c'est seulement pour les mystères de l'atelier qu'il réserve ses éludes d'animaux en grandes proportions ? Ce genre pourrait peut-être ne pas plaire à la foule, mais ne serait-ce donc rien que de satisfaire les vrais amis de l'art et soi-même? On ne devrait placer dans nos temples que des images sim- ples, louchantes, expressives, poéliques, telles enfin qu'il les faudrait pour parler à l'ame et à l'imagination, et surtout à peu près irréprochables sous le rapport de l'art. Le peuple est assez disposé à l'incrédulité depuis qu'il voit qu'on fait métier et marchandise des croyances, pour ne pas attirer la