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516 D a n s les siècles mitoyens, on aimait, mais on ne battait plus. Ce n'est donc que dans les siècles polis q u ' o n a pu b a t t r e sa maîtresse. Du temps des décemvirs à Rome et de Cécrops en At-- tique les h o m m e s ne s'occupaient pas assez de leurs maî- tresses pour les battre 3 ce perfectionnement de l'amour était réservé aux siècles de Périclès et d'Auguste, c'est-à - dire au temps où la civilisation florissait le plus. En effet, les époques de décadence ne donnent aucun exemple de cette pratique. Ausone est le seul poète dans toute la latinité du second o r d r e qui atteste par quelques lignes que l'on n'avait pas encore tout-à -fait p e r d u le souvenir de cette touchante coutume. Le moyen- à ge nous m o n t r e p a r t o u t les hommes aux pieds des fem- mes. Alors l'esprit commençait à se développer 5 on res- sentit l'amour, mais on ne le c o n n u t pas. O n ne savait que se b a t t r e pour sa maîtresse, on ne savait pas encore la b a t - t r e . L o r s q u ' o n a le b o n h e u r d'être né dans un siècle p o l i , et q u e , instruit sans efforts par l'exemple de ses c o n t e m p o - rains, on bat tout n a t u r e l l e m e n t la personne qu'on aime, on s'imagine que dans tous les temps le cœur seul a dû dicter u n procédé si t e n d r e . O n ne se douterait pas qu'il eut fallu tant d'expériences pour parvenir à cette décou- verte, et que réservée aux siècles les plus éclairés, elle eut exigé les plus grands efforts de l'esprit h u m a i n . Le règne de François 1 " a p p o r t e en F r a n c e le p r e m i e r exemple d ' u n soufflet appliqué par u n amant à sa maî- tresse, aussi l'a-t-on appelle le siècle de la Renaissance. Cent ans plus t a r d on en était revenu à toute la civilisa- tion du temps d'Auguste. E n Angleterre on voit aussi les mœurs se polir. Le célèbre jurisconsulte Francis Bracton