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   D a n s les siècles mitoyens, on aimait, mais on ne battait
plus.
   Ce    n'est donc que dans les siècles polis q u ' o n a pu
b a t t r e sa maîtresse.
   Du temps des décemvirs à Rome et de Cécrops en At--
tique les h o m m e s ne s'occupaient pas assez de leurs maî-
tresses pour les battre 3 ce perfectionnement de l'amour
était réservé aux siècles de Périclès et d'Auguste, c'est-à-
dire au temps où la civilisation florissait le plus.                       En
effet,    les     époques    de    décadence        ne     donnent     aucun
exemple         de cette    pratique.      Ausone        est le seul    poète
dans toute        la latinité du second o r d r e qui atteste             par
quelques        lignes que l'on n'avait pas encore               tout-à-fait
p e r d u le souvenir de cette touchante coutume. Le moyen-
àge nous m o n t r e p a r t o u t les hommes aux pieds des fem-
mes. Alors l'esprit commençait à se développer 5 on res-
sentit l'amour, mais on ne le c o n n u t pas. O n ne savait que
se b a t t r e pour sa maîtresse, on ne savait pas encore la b a t -
t r e . L o r s q u ' o n a le b o n h e u r d'être né dans un siècle p o l i ,
et q u e , instruit sans efforts par l'exemple de ses c o n t e m p o -
rains, on bat tout n a t u r e l l e m e n t la personne qu'on aime,
on s'imagine que dans tous les temps le cœur seul a dû
dicter u n procédé si t e n d r e . O n ne se douterait pas qu'il
eut fallu tant d'expériences pour parvenir à cette décou-
verte, et que réservée aux siècles les plus éclairés, elle eut
exigé les plus grands efforts de l'esprit h u m a i n .
   Le règne de François 1 " a p p o r t e en F r a n c e le p r e m i e r
exemple d ' u n      soufflet     appliqué par u n amant à sa maî-
tresse, aussi l'a-t-on appelle le siècle de la                  Renaissance.
Cent ans plus t a r d on en était revenu à toute la civilisa-
tion du temps d'Auguste. E n Angleterre on voit aussi les
mœurs se polir. Le célèbre            jurisconsulte Francis Bracton