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ses domaines fortifiaient le trône. Sa position le forçait de
ménager les esprits, d'improviser des alliances plus solides
que brillantes, et d'acquérir une connaissance profonde de
tous les intérêts respectifs des divers monarques de l'Europe.
C'est le besoin des princes nouveau-parvenus, si l'on peut
risquer cette expression ; c'est la simple histoire des dynas-
ties et des différentes branches qui se succèdent sur le
trône.
   La couronne, jusqu'alors élective, devient héréditaire sous
les Capétiens. Chez le fondateur de la nouvelle dynastie, la
couronne se confondait avec les grands fiefs dont il était déjà
seigneur et maître. Les fiefs étant alors incontestablement
héréditaires, le choix de Hugues Capet consacra l'usurpation
des fiefs, déjà sanctionnée par une longue possession. Ce fut
ainsi que, d'une mesure prise contre le pouvoir royal, de-
vaient sortir, avec le temps, l'hérédité, l'indivisibilité de la
couronne, cette double base fondamentale et indestructible
sur laquelle repose la fixité de toute véritable monarchie.
   Et voyez quelle augmentation de force gouvernementale
dut tirer le pouvoir de l'avènement des Capétiens ! Les der-
niers Carlovingiens, ces successeurs dégénérés de Charlema-
gne, ne luttaient qu'avec peine contre les moindres barons.
Mais de puissants seigneurs, comme les Capétiens, se trou-
vaient en état de tenir tête, par leurs propres forces, aux
comtes d'Anjou, de Poitiers et d'autres provinces considéra-
bles. Plus les Capétiens réunissent defiefsdans leurs mains,
plus, à chaque avènement, ils acquièrent de titres à la cour-
ronne qu'ils veulent bien encore ne pas s'adjuger tout-
à-fait. Chaque nouvelle investiture est comme une rançon
de cette royauté, un dédommagement de ce trône qui ne
peut leur échapper, une garantie positive de cette autorité
toute puissante qui finira par leur échoir naturellement.
Sous les derniers Carlovingiens, la dignité du sceptre n'est