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à la défense comme à l'attaque. C'est la condition que
tous les dépositaires du pouvoir, depuis le premier jus-
qu'au dernier, ont dû accepter. Si elle ne leur convenait
pas, que ne restaient-ils dans l'inviolabilité de la vie pri-
vée? Et voyons-nous dans la réalité, que cette nécessité
éloigne beaucoup de gens des emplois? Sont-ils refusés par
les hommes probes et capables? Ont-ils cessé d'être le
point de mire d'une foule d'ambitions ? Quoi ! donc, en se
soumettant à la vie publique, il faudrait se résigner à voir
une presse -envieuse et jalouse travestir vos intentions,
mentir sur vos actes, dénigrer ce que vous faites de bien,
exagérer ce qui peut vous échapper de mal! L'effet im-
manquable de ces attaques serait de souiller toute gloire,
de perdre toute réputation! Et cependant des hommes
honorables, non seulement acceptent, mais briguent tous
les jours le pouvoir à ce prix !
   Mais il y a une explication à donner de ceci; c'est qu'en
vérité chacun sent qu'une vie irréprochable, la loyauté
du caractère, le véritable zèle pour le service public,
la réalité du talent sont toujours au dessus d'un dé-
nigrement systématique. On compte, en définitif, sur la
justice de l'opinion et l'on a raison. Je dis encore une fois
que je ne sais point de réputation qui ait été injustement
tuée par la presse libre. Et qu'est-ce donc que l'estime, la
réputation, la gloire, si ce n'est le jugement du public ?
Et qu'est-ce qu'un jugement sans la liberté de connaître, de
discuter, de choisir? Vous qui aspirez à ces brillantes cou-
ronnes que les masses décernent à ceux qui les servent par
leurs talents et leurs vertus, sachez donc à quel prix elles
peuvent être acquises ! Il faut que le public ait pu choisir
entre vos détracteurs et vos apologisles, et qu'il ait pesé
l'éloge et le blâme. C'est la condition d'un suffrage sincère.