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403 à la défense comme à l'attaque. C'est la condition que tous les dépositaires du pouvoir, depuis le premier jus- qu'au dernier, ont dû accepter. Si elle ne leur convenait pas, que ne restaient-ils dans l'inviolabilité de la vie pri- vée? Et voyons-nous dans la réalité, que cette nécessité éloigne beaucoup de gens des emplois? Sont-ils refusés par les hommes probes et capables? Ont-ils cessé d'être le point de mire d'une foule d'ambitions ? Quoi ! donc, en se soumettant à la vie publique, il faudrait se résigner à voir une presse -envieuse et jalouse travestir vos intentions, mentir sur vos actes, dénigrer ce que vous faites de bien, exagérer ce qui peut vous échapper de mal! L'effet im- manquable de ces attaques serait de souiller toute gloire, de perdre toute réputation! Et cependant des hommes honorables, non seulement acceptent, mais briguent tous les jours le pouvoir à ce prix ! Mais il y a une explication à donner de ceci; c'est qu'en vérité chacun sent qu'une vie irréprochable, la loyauté du caractère, le véritable zèle pour le service public, la réalité du talent sont toujours au dessus d'un dé- nigrement systématique. On compte, en définitif, sur la justice de l'opinion et l'on a raison. Je dis encore une fois que je ne sais point de réputation qui ait été injustement tuée par la presse libre. Et qu'est-ce donc que l'estime, la réputation, la gloire, si ce n'est le jugement du public ? Et qu'est-ce qu'un jugement sans la liberté de connaître, de discuter, de choisir? Vous qui aspirez à ces brillantes cou- ronnes que les masses décernent à ceux qui les servent par leurs talents et leurs vertus, sachez donc à quel prix elles peuvent être acquises ! Il faut que le public ait pu choisir entre vos détracteurs et vos apologisles, et qu'il ait pesé l'éloge et le blâme. C'est la condition d'un suffrage sincère.