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pîerre tumulaire de l'une des abbesses (1). Elle se trouve en partie
masquée par un fragment d'inscription qu'on y a déposé sans res-
pect ni pudeur. Cette pierre ornée du trait en pied de Françoise de
Clermont-Tonnerre mérite bien d'être conservée comme souvenir.
Cette abbesse fit, en 1582, ouvrir la rue qui porte son nom, sur des
terrains dépendants de son monastère. Nous conseillons donc de re-
lever cette pierre tumulaire, et de la placer dans la muraille au des-
sus de sa dépouille, si elle est là. Il en est temps encore, et il suffit
de le signaler ici à M. Dardel pour l'obtenir.


   — Un mot sur les peintures de la nef et des bas côtés de l'église
d'Ainay. Ces fresques ont été exécutées sur des dessins que
M. Pollet avait rapportés d'Italie ; il avait copié les belles mosaï-
ques d'une des plus merveilleuses églises de la Sicile (San Mo-
reale, si nous ne nous trompons pas). Séduit tout d'abord par
l'éclat et la richesse de ton de toutes ces pierres précieuses, de
tous ces marbres rares, s'harmonisant entre eux par leur propre
puissance, M. Pollet ne pensa pas que, chez nous, hélas ! il faudrait
remplacer le lapis-lazuli par le bleu Guimet, l'or par l'ocre, la nacre
de perle par le plâtre, etc. ; de là, cette crudité de ton, ce chari-
vari de couleurs qu'on a tant reproché à ces pauvres fresques. L'hu-
midité a commencé leur destruction ; espérons qu'elles disparaîtront
tout-à-fait dans les travaux qui doivent nous conserver ce précieux
monument.

  —Décidément nos monuments publics deviennent des édifices her-
culéens. Ils se disputent à qui absorbera le plus de pierres. Notre
théâtre a l'air d'une prison, et le Palais-de Justice ressemblerait
assez à une forteresse si l'on s'avisait de découper en créneaux l'at-
tique si lourd et si informe sous lequel on l'a écrasé.

   (1) Cette pierre se trouve dans la galerie nord, près de la porte du grand
escalier. Voici l'inscription qu'on y lit :
  CI GIST FRANÇOISE DE CLERMONT LAQUELLE FUST MISE ABBESSE A L ' A G E DE TRENTE-

TROIS ANS ET FUST ABBESSE QUARANTE HUIT ANS ET AUSSI GIST MARGUERITE DE CLER-

MOHT SA SOEUR RELIGIEUSE DE CÉANS QUI DÉCÉDA LE 3     SEPTEMBRE   1593

                          REQMESCANT IN PAGE AMEN.