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68 distingué, et l'honorerait d'une invitation à dîner; et Thomas Malderton lui demanderait son avis sur l'intéressante question de savoir quel était le meilleur tabac et quels étaient les meilleurs cigares. Enfin, M. Frédéric Malderton^ cet oracle régulateur de la famille pour le choix des étoffes, pour le bon goût des parures et pour l'interprétation des futiles arrêts de la mode, ce fashionable qui avait un logement dans Wesl-end, qui avait ses libres entrées au théâtre de Covent Garden, qui était toujours vêtu selon la mode de la dernière semaine, qui fréquentait assidûment les Eaux, et qui même, en ce moment, avait un intime ami connaissant un gentleman autrefois admis aux bals d'Almack, M. Frédéric Malderton, lui- même, avait l'intention de faire à l'inconnu l'honneur de lui proposer une partie de billard. Horalio fut le premier objet que découvrirent les regards empressés de la famille en entrant dans la salle de bal. Le mystérieux jeune homme était nonchalamment assis sur un fauteuil, et son regard méditatif se perdait dans les frises qui ornaient le plafond. — Le voici, mon cher, murmura d'une voix émue mistress Malderton à l'oreille de son mari. — Combien il ressemble à lord Byron, dit tout bas Miss Thérésa. — Ou plutôt à Montgoméry, répondit Marianne. — Ou mieux encore au portrait du superbe capitaine Ross dont l'aspect fait miauler les chats ! ajouta Tom. —• Taisez-vous Tom, et réfléchissez si vous-même ne res- semblez pas à un âne, dit brusquement le père qui répri- mandait le jeune homme à tout moment, dans l'intention, sans doute, de comprimer ses dispositions à la malice, précaution, soit dit eu passant, qui n'était pas inutile. L'élégant Sparkins conserva son altitude pittoresque jusqu'à ce que toute la famille se fût avancée dans la salle de bal. Pa- raissant seulement alors l'apercevoir toul-à -coup, il tres- saillit, et jouant avec beaucoup de naturel la surprise et le