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203 Nous aurions voulu borner notre critique à ce peu de mots; cependant nous ne pouvons passer sous silence un de ces traits qui caractérisent un écrivain, et nous montrent s'il possède le discernement qui doit toujours accompagner la science dans ses investigations : l'auteur veut nous prouver que, dès les temps reculés, les hommes ont souvent eu re- cours à des symboles (ce qui, ainsi que nous avons pu le conclure de nos précédentes observations, était parfaitement inutile)-, et voici un des exemples qu'il a malheureusement choisi. Nous lisons, dans nos livres sacrés, que, lorsque le législa- teur des Hébreux descendit de la montagne de Sinaï, il en- tendit de loin le bruit des fêtes que son peuple, impatient des privations auxquelles il était soumis dans le désert, et séduit par le souvenir de ce qu'il avait vu en Egypte, célébrait au- tour d'un veau ou taureau d'or élevé dans le camp. Alors, saisi d'indignation, et jetant contre terre les tables où était écrite la loi qu'il apportait aux enfants d'Israël, il commença le cantique de douleur que, en mémoire de cette transgres- sion, les Hébreux continuèrent à chanter toutes les fois que repentant de leurs infidélités, ils revenaient au Dieu qui les avait tirés de la servitude. On sait que les anciens idolâtres prenaient pour objet de leur adoration tout ce qui, sur la terre, portait en soi un emblème de l'énergie fécondante du soleil, première divinité devant laquelle les hommes se pros- ternèrent après avoir perdu la pensée de l'être invisible qui avait créé toutes choses. Ainsi, ils adorèrent le bouc, le bé- lier, le taureau-, et ce dernier culte non seulement était reçu en Egypte, mais il était encore répandu dans l'Inde, dans la Syrie, et dans plusieurs autres coutrées(l). Cefaitn'apupréser- ver l'auteur de concevoir, malgré l'autorité du récit biblique, et (1) Voir: De VIdolâtrie sous ses phases successives.