page suivante »
170 tourner au bout de sa plume, se renverse sur le dossier de son fauteuil et siffle un petit air quelconque, tout en sui- vant les bonds d'une mouche qui veut sortir par les vitres, puis il promène et va battre du bout des ongles un joli roulement contre la fenêtre. « Mais voici un char qui passe, un chien qui aboie, un rien du tout ; il faut voir ce que c'est : j'ouvre.... une fois là , j'ai éprouvé que j'y suis pour longtemps. » Or, ce qu'il aperçoit du haut de son observatoire im- provisé serait trop long à vous énumérer : ce n'est pas le Voyage autour de ma chambre, mais bien le voyage autour et au dessus de la rue. En face, il voit les maisons et tout ce qui se passe à leur extérieur, quelquefois même à leur intérieur ; à gauche, c'est l'église et le peuple de fidèles ou d'infidèles qui s'y presse; à droite, voici la fon- taine et tous les commérages de quartier qui se débitent autour. Fuis l'écolier considère un coin du ciel, et les toits, et les chats qui « maigres et ardents miaulent dans la saison d'amour, ou gras et indolents se lèchent au soleil d'août. » Ce sont encore les hirondelles et les vases de capucines; enfin, dans la rue Oh! pour le coup nous renonçons à vous énumérer les merveilles qu'il y dé- couvre.Tout est passé en revue, bêtes et gens, et quelques mots suffisent pour rendre leurs traits saisissants de vérité; puis vient la pluie et les ruisseaux qui se gonflent, et les pots cassés qui barrent le torrent, et la débâcle, et la fine jambe des dames dont l'enfant suit de l'œil les bas blancs jusqu'au détour de la rue. Cette peinture est vraiment charmante et laisse deviner l'artiste à côté de l'écrivain; aussi ne sera-t-on pas étonné d'apprendre que le crayon de Topffer a déjà rempli bien des cahiers de charges tout à la fois délicieuses et de bon ton : heureux les salons de