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tourner au bout de sa plume, se renverse sur le dossier de
son fauteuil et siffle un petit air quelconque, tout en sui-
vant les bonds d'une mouche qui veut sortir par les
vitres, puis il promène et va battre du bout des ongles
un joli roulement contre la fenêtre. « Mais voici un char
qui passe, un chien qui aboie, un rien du tout ; il faut voir
ce que c'est : j'ouvre.... une fois là, j'ai éprouvé que j'y
suis pour longtemps. »
   Or, ce qu'il aperçoit du haut de son observatoire im-
provisé serait trop long à vous énumérer : ce n'est pas le
Voyage autour de ma chambre, mais bien le voyage
autour et au dessus de la rue. En face, il voit les maisons
et tout ce qui se passe à leur extérieur, quelquefois même
à leur intérieur ; à gauche, c'est l'église et le peuple de
fidèles ou d'infidèles qui s'y presse; à droite, voici la fon-
taine et tous les commérages de quartier qui se débitent
autour. Fuis l'écolier considère un coin du ciel, et les
toits, et les chats qui « maigres et ardents miaulent dans
la saison d'amour, ou gras et indolents se lèchent au soleil
d'août. » Ce sont encore les hirondelles et les vases de
capucines; enfin, dans la rue        Oh! pour le coup nous
renonçons à vous énumérer les merveilles qu'il y dé-
couvre.Tout est passé en revue, bêtes et gens, et quelques
mots suffisent pour rendre leurs traits saisissants de vérité;
puis vient la pluie et les ruisseaux qui se gonflent, et les
pots cassés qui barrent le torrent, et la débâcle, et la fine
jambe des dames dont l'enfant suit de l'Å“il les bas blancs
jusqu'au détour de la rue. Cette peinture est vraiment
charmante et laisse deviner l'artiste à côté de l'écrivain;
aussi ne sera-t-on pas étonné d'apprendre que le crayon
de Topffer a déjà rempli bien des cahiers de charges tout
à la fois délicieuses et de bon ton : heureux les salons de