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   l'évaluation de M. le baron de Morogues est infiniment trop
  parcimonieuse, celle de M. Vuillermé est un peu largement
   établie. Il serait à souhaiter que l'ouvrier put dépenser cha-
  que année la somme indiquée par M.Yuillermé; il résulterait
  nécessairement de cette possibilité la certitude que le salaire
  de la famille ouvrière atteint la parité de cette dépense..
  Malheureusement, en fait général, il n'en est pas ainsi.
      Probablement M. Vuillermé a recueilli les renseignements
  qu'il mentionne auprès d'un chef d'atelier placé dans une
  condition exceptionnellement favorable. L'évaluation que ces
  renseignements ont exprimé paraît être au dessus, comme
  celle de M. le baron de Morogues paraît être au dessous du
 vrai.
      Le chiffre de 1200 fr, présente la moyenne entre ces
 deux appréciations ; son rapport avec l'estimation des salaires
 doit faire penser qu'il se rapproche d'une manière plus exacte
 de la parité réelle de la dépense annuelle de la famille dont il
 s'agit.
     En admettant celle évaluation, on arriverait ainsi à balan-
 cer les recettes de cette famille par ses dépenses. Cependant,
 il faut bien remarquer que dans ces dépenses, réduites ainsi au
 minimum possible, il n'est fait compte ni des chômagesforcés,
 ni des maladies, ni des frais d'éducation d«s enfants ; on ne ré-
serve rien pour les douces distractions de famille si favorables
au bienâlre intérieur. Travailler pour vivre, et pour vivre d'une
vie pleine de fatigues et de privations, ballolée entre l'insuffi-
sance du présent et l'incertitude de l'avenir, tel est le sort du
malheureux ouvrier. En temps ordinaire il est réduit au plus
strict nécessaire; etsiun chômage survient, il faut qu'il réduise
la part de pain dont il se nourrit, il faut qu'il réduise la part de
pain qu'il donne à sa femme, celle qu'il donne à ses enfants.,
celle qu'il donne à son vieux père ! !! Si alors on vient à consi-
dérer que les droits d'octroi prélèvent en temps ordinaire sur
celte pauvre famille une quotité annuelle de SO fr. 03 c. par
tête, et augmentent de 153 fr. la dépense totale nécessaire pour