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Balance son petit berceau,
Aussi mollement qu'une haleine
Qui, ridant une humide plaine,
Berce la nef au bord de l'eau.

Pendant les brûlantes soirées,
Etends tes deux ailes dorées,
Gomme un éventail qui frémit;
Et-verse une fraîche rosée,
De fleurs, de parfums composée,
Sur son berceau qui s'attiédit.

Eloigne d'elle tous ces songes
Agités par de noirs mensonges
Et se promenant dans la nuit :
Car ce sont là de mauvais anges
Qui font, sous leurs formes étranges,
Crier l'enfant dans son réduit.

Sur son front que sa main soulève,
Bon ange, fais passer un rêve,
Un beau rêve de séraphin,
Et sur sa bouche un doux sourire,
Comme la fleur rit au zéphire,
Quand il se berce dans son sein.

Puis, quand la nuit d'ombres voilée
S'enfuit devant l'aube étoilée,
Qu'on voit blanchir à l'orient,
Bon ange, fais que ce beau rêve
Dans tes bras doucement s'achève,
Et qu'elle s'éveille en riant.