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524 tisle, revêt l'ouvrier, et accepte la lourde chaîne dont le gar- rotte la médiocrité! N'est-ce pas là l'histoire de notre pauvre école lyonnaise, jadis si décriée et si bafouée? Youlant con- server une popularité si chèrement acquise, longtemps elle a disputé pied à pied la mauvaise roule où l'ignorance l'avait égarée; longtemps elle a tâché de faire revivre, clans ses œu- vres énervées, les souvenirs éteints et les traditions mortes avec le faux goût qui les fit naître; elle voyait bien qu'elle ne défendait plus qu'un froid squelette , mais elle n'osait pas s'aventurer à la recherche d'une terre nouvelle, et ce n'a pas été sans hésitation et sans jeter plus d'un regard sur la rive qu'elle allait quitter, qu'elle s'est décidée à lever l'ancre; mais enfin, quand elle a vu tant de mains amies tendues vers elle, elle a pris courage, et nous la voyons aujourd'hui mar- cher franchement vers un nouvel horison; une ère nouvelle commence pour elle ! L'exposition de cette année place les œuvres de nos artistes au-dessus de la plupart de celles que Paris nous a envoyées. Toici le paysage historique qui se présente pour la première fois chez nous, sous des noms chers au pays; le tableau de M. Isidore Flacheron, qui serait mieux compris si le hasard ne l'avait relégué à une place où il est difficile de le juger, est sévère et conçu dans une large pensée. Des masses bien disposées, d'heureux accidents de terrains, une nature bien étudiée et consciencieusement rendue, lui vaudront les éloges de tous les connaisseurs. Celte com- position a obtenu une médaille au salon de celte année. Nous classerons dans le même genre le paysage de M. Paul Flandrin. Dans ce site bien choisi, le mouvement des lignes est heureux, les arbres sont massés avec art, l'harmonie des terrains avec le ciel est cligne d'attention. Ces qualités réunies révèlent toute la portée du talent de M. Paul Flan- drin, et nous prenons ce tableau pour un gage certain des succès décidés qu'il est appelé à obtenir aux prochaines expo- sitions.