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Elle semble supposer aussi que le nôtre était réellement habile dans
sa profession: et peut être De faut-il voir que le sentiment vrai de
cette habileté dans le désir qu'il manifeste de sauver son nom de
l'oubli, et de le transmettre célèbre à la postérité : VT MVLTIS
ANNIS CELEBRARETVR.
    Il devait jouir encore d'une certaine opulence, si l'on admet les
conjectures de Menestrier sur la magnificence du monument funé-
raire qu'il avait fait élever à son élève, et à ses frais, autant que
nous pouvons en juger d'après ces mots de l'inscription : SARCO-
PHAGVM Suis Sumptibus (1) ALVMNO POSVIT. Quant à cette
expression ALVMNO, que l'on rencontre assez fréquemment sur les
monuments épigraphiques, elle peut bien n'avoir ici que la signifi-
cation générale qu'on lui trouve ailleurs, pour l'ordinaire, laquelle est
assez connue (2). Néanmoins je ne pense pas qu'il y eut invraisem-
blance à supposer qu'elle pourrait être appliquée dans notre inscrip-
tion , à un jeune homme que l'artiste lyonnais aurait eu pour apprenti,
 ou pour élève dans sa profession. Si quelque autre donnée venait
 confirmer une telle conjecture, nous serions amenés à reconnaître
 encore sur ce même monument un quatrième argentarius dans la
 ville do Lugdunum ; mais nous aurions toujours à regretter l'ab-
sence de son nom, compris sans doute dans les premières lignes de
l'inscription, lesquelles nous manquent aujourd'hui.
    Nous sommes moins malheureux par rapport au nom de celui qui
 avait pourvu si noblement à la dernière demeure de son élève. Ce
 nom a souffert aussi une mutilation regrettable, et il ne nous en est
 resté que la fin, ONDANIVS; mais cette perte n'est pas irréparable,
 et pour remplir la lacune il n'est peut être pas nécessaire de se tor-
 turer longtemps l'imagination. One seule lettre me paraît manquer
 à ce nom ; car par la restitution de l'initiale F nous arrivons à une
 leçon bien naturelle, en retrouvant le nom de FONDANIVS, assez
 commun,f comme on sait, et dans l'histoire et sur les monuments
 lapidaires. Il est vrai qu'il s'écrivait plus correctement par la voyelle

  (1) C'est, à mon avis, la seule interprétation satisfaisante que le sens per-
mette de reconnaître ici aux deux sigles S. S.
  (2) Forcellini Lexic. ad h, voc.