Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                   501
si l'on considère que cette ville, opulente et civilisée, comme tant
de particularités nous le prouvent, était bien certainement la pre-
mière des Gaules (I).
   Cet argentier était apparemment un étranger établi à Lugdu-
num : du moins nous voyons que les mots exprimant sa profession
ne sont pas précédés de l'adjectif ethnique LVGDVNENSIS, mais
simplement du nom de la cité où il avait fixé son domicile, LVG-
DVNI. On pourrait même être tenté de conjecturer que les lettres
COR, commencement d'un mot tronqué depuis par les outrages du
temps, seraient les initiales du nom de Corinthe, qui fut longtemps
dans la Grèce européenne la ville du luxe dans tous les genres, et
qui était devenue célèbre dans les arts, notamment par cette espèce
d'airain que l'on appellait de son nom (2), dont on faisait, entr'au-
tres ouvrages, des statues et des vases, mentionnés quelquefois sur
les monuments lapidaires (3). Mais sette conjecture serait bien lé-
gèrement fondée, et il y aurait autant de raisons pour ne voir ici
que les premières lettres du mot CORporis (4).
   Notre artiste était revêtu de la dignité de sévir augustal, et cette
particularité, parmi les autres qui lui sont personnelles, est la seule,
comme on l'a vu, qui ait frappé le père Menestrier, toute commune
qu'elle est ailleurs sur nos marbres lyonnais. Au reste, elle n'est
pas sans intérêt ici ; car elle témoigne de l'estime et de la considé-
ration dont les artistes distingués jouissaient parmi nos ancêtres.

    (1) Ce n'est pas seulement sur les monnaies archiépiscopales de Lyon,
qu'on trouve cette ville appelée PRIMA SEDES GALLIARVM; dans la table
tliédoriennesa situation est indiquée par ces mots LVGDVNVM CAPVT GALLIA.
RVM. Il est fort vraisemblable qu'elle avait droit à ce titre, bien avant l'époque
ou fut dressé l'original de cette carte.
   (2) Vlia., Nat. Hht. XXXIV, 2. (3).
   (5) Je citerai seulement l'expression A CORINTHIS FABER dans une ins-
cription du recueil de M. Orelli (tom II., p. 251, n° 4181).
   (4) Les collèges et les corporations étaient en grand nombre à Lugdunum.
Au lieu de les indiquer spécialement, je me borne à rappeler notre inscri-
ption de Sesctus Ligurius (Musée Saint Pierre n° XXXVI), où on lit en termes
généraux; ET OJINIBws CORPORIBMS LVGdiwi LICITE COEVNTIBVS, etc.