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demande pas que nous l'aidions à comprimer la surabon-
dance de la population humaine. Au grand banquet de la
nature, il n'y a pas de couvert mis pour le pauvre, a dit Mal-
thus, telle est la loi. Non, ce n'est point la loi de la nature,
ce n'est que la loi d'un état social très factice, qui entasse
sur une poignée d'individus une si énorme surabondance, qui
leur prodigue les moyens de se livrer à toutes les folles dé-
penses, à toutes les jouissances du luxe, tandis que d'autres
sont condamnés à languir dans l'inaction. Il paraît, d'après
toutes les tables de population, que si la race actuelle de fem-
mes et d'hommes arrivés à l'âge mûr ne produisait pas le
double de leur nombre d'enfants, l'espèce humaine ne pour-
rait pas se soutenir. Les mômes sources de documents attes-
tent que les femmes nubiles, dans une communauté quelcon-
que ou sur toute la surface du globe, n'excèdent pas le
cinquième de la population ; que le nombre des naissances
annuelles est presque dans le rapport d'un enfant sur cinq
mariages-, que le nombre des naissances par chaque mariage
ne s'élève pas, terme moyen, au-delà de quatre; que les
mariages prématurés ne tendent pas beaucoup à accroître la
population. Ainsi une telle faculté d'accroissement, si elle
existe, est du moins restreinte dans des limites très étroites,
et que sous ce rapport, il n'y a rien à craindre pour le bien-
être d'une nation quelconque, ou pour celui de l'espèce hu-
maine. Grâce à ces données, la proposition contraire à celle
de Malthus est plus conforme à la vérité : « La population
reste naturellement au-dessous des moyens de subsistance, et
si elle les atteint, si elle les dépasse quelquefois, c'est la faute
des institutions corrompues et non la faute de la nature hu-
maine (1). »
   Ainsi, on le voit, la physiologie introduite dans le sein de

  (1) E. Buret, de la Mis. en France et en Angl. t. I. p. 231.