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487 demande pas que nous l'aidions à comprimer la surabon- dance de la population humaine. Au grand banquet de la nature, il n'y a pas de couvert mis pour le pauvre, a dit Mal- thus, telle est la loi. Non, ce n'est point la loi de la nature, ce n'est que la loi d'un état social très factice, qui entasse sur une poignée d'individus une si énorme surabondance, qui leur prodigue les moyens de se livrer à toutes les folles dé- penses, à toutes les jouissances du luxe, tandis que d'autres sont condamnés à languir dans l'inaction. Il paraît, d'après toutes les tables de population, que si la race actuelle de fem- mes et d'hommes arrivés à l'âge mûr ne produisait pas le double de leur nombre d'enfants, l'espèce humaine ne pour- rait pas se soutenir. Les mômes sources de documents attes- tent que les femmes nubiles, dans une communauté quelcon- que ou sur toute la surface du globe, n'excèdent pas le cinquième de la population ; que le nombre des naissances annuelles est presque dans le rapport d'un enfant sur cinq mariages-, que le nombre des naissances par chaque mariage ne s'élève pas, terme moyen, au-delà de quatre; que les mariages prématurés ne tendent pas beaucoup à accroître la population. Ainsi une telle faculté d'accroissement, si elle existe, est du moins restreinte dans des limites très étroites, et que sous ce rapport, il n'y a rien à craindre pour le bien- être d'une nation quelconque, ou pour celui de l'espèce hu- maine. Grâce à ces données, la proposition contraire à celle de Malthus est plus conforme à la vérité : « La population reste naturellement au-dessous des moyens de subsistance, et si elle les atteint, si elle les dépasse quelquefois, c'est la faute des institutions corrompues et non la faute de la nature hu- maine (1). » Ainsi, on le voit, la physiologie introduite dans le sein de (1) E. Buret, de la Mis. en France et en Angl. t. I. p. 231.