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ber. Si Dieu a établi la peine pour éloigner l'a nie du mal»,
c'est-à-dire pour la préserver de la morl, la peine fait donc
partie de la loi de conservation de l'ame. Le but de la pé-
nalité est donc le bien ou l'utilité du coupable.
   De l'ordre spirituel passons dans l'ordre social.
   Ne rencontrons-nous pas la peine dans l'ordre social, sous
le nom de châtiment? Quand et pourqnoi les châtiments sont-
ils infligés? N'est-ce pas lorsque le remords n'a pas été un
avertissement assez fort et une punition suffisante pour arrê-
ter la volonté de celui qui fait le mal? La justice ne se pré-
sente-t-elle pas pour s'emparer de ceux qui n'ont point écoulé
leur conscience ? La justice est-elle autre chose que la con-
science à main armée ? Dès lors, la justice peut-elle agir au-
trement que la conscience? Conséquemment, le châtiment
qu'elle impose, qui n'est qu'un supplément ajouté au remords,
peut-il se baser sur un aulre motif et avoir un autre but que
le remords ? En un mot, le châtiment n'a l-il pas pour but prin-
cipal l'utilité du coupable? Car, en joignant une peine
corporelle à la peine morale devenue insuffisante pour un
êtrechez lequel l'ame a moins de vie que le corps, ne veut-on
pas arrêter cet êlre dans le mal qu'il faisait? Pourquoi dans
ce cas, est-ce la société quia la charge d'infliger ce châtiment ?
N'est-ce pas parce qu'elle est attaquée dans le mal que com-
met le coupable? Dès lors, n'a-t elle pas aussi intérêt à ce que
la douleur arrêle le bras du coupable? Et même, cet intérêt
n'est-il pas si évident que des publicistes ont avancé que l'o-
rigine du droit de punir est dans l'uiililé de la société ?
   Une preuve que l'origine du droit de punir n'est point l'in-
térêt de la société, c'est qu'elle ne pourrait point faire l'ap-
plication complète d'un tel principe. En effet, comme son
intérêt consisterait àse débarrasser de tout ce qui pourrait lui
nuire, son intérêt ne l'obligerait-il pas de terminer par la
m o r t les jours de tout jeune malfaiteur qui lui donnerait des
craintes pour l'avenir? Pourquoi ne le fait-elle pas ? Pourquoi,
au contraire, est-elle obligée de proportionner si exactement
le châtiment au crime? En cela, la société ne suit donc pas
le principe de son utilité, mais bien celui de la justice. Elle
se conduit donc avec justice envers le coupable. N'écoutons
 donc point ceux qui prétendent que la société agit dans son
 intérêt, ils insultent la société. Sa pratique est au-dessus de
 leurs doctrines.
    Mais si la société trouve aussi son avantage à punir le cou-
 pablej où en puise-t-elle le droit? La société fait-elle aulre
 chose que de continuer visà-vis de l'homme, un droit qui
 appartient à la nature? Et, en effet, pour l'homme, la société
 n'est-elle pas une seconde nature., ou même une plus grande
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