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433 ber. Si Dieu a établi la peine pour éloigner l'a nie du mal», c'est-à -dire pour la préserver de la morl, la peine fait donc partie de la loi de conservation de l'ame. Le but de la pé- nalité est donc le bien ou l'utilité du coupable. De l'ordre spirituel passons dans l'ordre social. Ne rencontrons-nous pas la peine dans l'ordre social, sous le nom de châtiment? Quand et pourqnoi les châtiments sont- ils infligés? N'est-ce pas lorsque le remords n'a pas été un avertissement assez fort et une punition suffisante pour arrê- ter la volonté de celui qui fait le mal? La justice ne se pré- sente-t-elle pas pour s'emparer de ceux qui n'ont point écoulé leur conscience ? La justice est-elle autre chose que la con- science à main armée ? Dès lors, la justice peut-elle agir au- trement que la conscience? Conséquemment, le châtiment qu'elle impose, qui n'est qu'un supplément ajouté au remords, peut-il se baser sur un aulre motif et avoir un autre but que le remords ? En un mot, le châtiment n'a l-il pas pour but prin- cipal l'utilité du coupable? Car, en joignant une peine corporelle à la peine morale devenue insuffisante pour un êtrechez lequel l'ame a moins de vie que le corps, ne veut-on pas arrêter cet êlre dans le mal qu'il faisait? Pourquoi dans ce cas, est-ce la société quia la charge d'infliger ce châtiment ? N'est-ce pas parce qu'elle est attaquée dans le mal que com- met le coupable? Dès lors, n'a-t elle pas aussi intérêt à ce que la douleur arrêle le bras du coupable? Et même, cet intérêt n'est-il pas si évident que des publicistes ont avancé que l'o- rigine du droit de punir est dans l'uiililé de la société ? Une preuve que l'origine du droit de punir n'est point l'in- térêt de la société, c'est qu'elle ne pourrait point faire l'ap- plication complète d'un tel principe. En effet, comme son intérêt consisterait à se débarrasser de tout ce qui pourrait lui nuire, son intérêt ne l'obligerait-il pas de terminer par la m o r t les jours de tout jeune malfaiteur qui lui donnerait des craintes pour l'avenir? Pourquoi ne le fait-elle pas ? Pourquoi, au contraire, est-elle obligée de proportionner si exactement le châtiment au crime? En cela, la société ne suit donc pas le principe de son utilité, mais bien celui de la justice. Elle se conduit donc avec justice envers le coupable. N'écoutons donc point ceux qui prétendent que la société agit dans son intérêt, ils insultent la société. Sa pratique est au-dessus de leurs doctrines. Mais si la société trouve aussi son avantage à punir le cou- pablej où en puise-t-elle le droit? La société fait-elle aulre chose que de continuer visà -vis de l'homme, un droit qui appartient à la nature? Et, en effet, pour l'homme, la société n'est-elle pas une seconde nature., ou même une plus grande 28