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faille, autant que possible, faire tourner les peines à l'amélio-
ration morale du condamné; « mais, dit-il, je persiste à t r a -
» cer, avec une ferme et entière conviction, cette ligne : Les
« peines ont ici-bas, -pour le but le plus directement assignable,
« l'alarme, l'intimidation. »
    Voilà l'ensemble de la doctrine de M. Gilardin.
    La justice sociale est séparée de la justice divine, elles agis-
sent non seulement dans des sphères différentes, mais même
contradictoires. Car, selon l'auteur, le droit social peut con-
tredire le droit divin ; et l'exercice de l'un et de l'autre n'en
est pas moins légitime. C'est là l'erreur fondamentale de l'au-
teur de l'Etude. En adoptant contre Platon l'opinion, dit-il,
 trop complaisamment abandonnée de Clinias : que la justice
 a pour objet exclusif d'assurer la conservation du gouverne-
 ment établi, il ne pouvait,certes, espérerraltacher cette opi-
 nion aux principes même de Platon, non moins admirable
 dans la sûreté de sa logique que dans sa clairvoyante intuition
 de l'idéal.
     En deux mois, M. Gilardin, en admettant leurs principes a
 rejette les pures doctrines des philosophes religieux et spiri-
 tualisles, pour accepter, sans leurs principes, les conséquen-
 ces fatales des théories exclusivement utilitaires.
     M. Gilardin s'est trop préoccupé de ce qui existait dans les
 sociétés, pas assez de ce qui devrait y exister ; le droit ne dé-
 rive point du fait; mais le fait doit dériver du droit. Dans les
  sciences morales l'empirisme ne pouvait conduire qu'à l'er-
 reur. Les lois du monde physique étant fatales, on pourra
 les induire légitimement du fait l u i - m ê m e ; mais, dans le
  monde moral, où les êtres spirituels sont essentiellement libres
  et perfectibles, on ne saurait découvrir leur loi en concluant
  de ce qui est à ce qui doit être. La raison porte, dans son
  sanctuaire immuableet impersonnel,les principesd'ou doivent
  découler les problèmes des sciences morales et sociales. L'hu-
  manité conserve dans elle-même la loi qu'elle doit réaliser
  peu à peu, l'idéal dont elle doit tous les jours se rapprocher
  davantage.
      Laissant donc de côté les souvenirs antiques au sujet de la
  pénalité, il faut remonter à ce qui est absolu, pour découvrir
  non pas ce qu'est la pénalité dans la société actuelle, mais ce
   qu'elle doit être dans le plan divin de la constitution sociale.
      C'est de ce point de vue qu'il faut aborder la question de la
  pénalité. Elle est simple quoique vaste,. Nous nous conten-
  terons d e l à poser. Cela suffira pour donner à penser aux j u -
   risconsultes et surtout aux criminalistes.
      Comment peut-on découvrir le principe de la peine? Ne
   faut-il pas chercher pour quel motif elle a été voulue de Dieu?