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42G action des fails que le rayon de l'absolu n'a pas atteint com- me mauvais et repréhensibles ! Si, renonçant à ce vieux nom de vindicte, de vengeance qui., dans les sociétés antiques, représentait son origine, la justice humaine s'appelle aujourd'hui une délibation de la justice di- vine, son objet doit donc être identique. Ce n'est pas tout le mal moral, mais celle partie du mal moral pins immédiate- ment nuisible à la société, qui sera l'objet de la pénalité. Là donc où ne se rencontrera pas le caractère d'une violation a 1 ordre moral, là ne se rencontrera pas non plus le caractère d'un véritable délit. La juslice suprême, éternelle, attribut divin de l'infini qui poursuit le mal partout où il existe, jusqu'à son ombre, qui sonde les reins et les inlenlions, scrule la vertu même et la lumière, laisserait passer devant elle des actes comme inof- fensifs et ne portant aucune altération à son ineffable pureté, et la juslice des hommes, qui s'en prétend dérivée, pourrait at- teindre ces mêmes actes, el cela parce qu'elle serait la juslice de créatures finies et limitées! De deux choses l'une : ou la so- ciété veut conserver le litre glorieux de la légitimité du droit qu'elle exerce, et alors elle n'aura pas la prétenlion impie de punir des actions pures aux yeux de celui de qui elle lient sa divine institution ; ou si elle veut les punir, sous le prétexte de son utilité, elle renie l'origine de la mission qu'elle allait puiser dans le ciel ; ce droit terrible d'infliger le châtiment demeure séparé de sa base, suspendu dans le vide, sans raison d ê t r e ; à moins que pour vous faire illusion, vous n'essayez de fonder un principe sur celle base fragile de l'utile que vous avez vous-même renversée. Il est curieux d'examiner par quelle idée M. Gilardin, vou- lant de toute nécessité légitimer la punition de délits dénués de tout caractère de violation à la loi morale, a essayé de ratta- cher celle conséquence de la doctrine de l'empirisme au prin- cipe de la justice.Tout mal civil etpolitique implique, dit-il, le mal moral. Mais si celle maxime est vraie partout et toujours, il ne faut pas en conclure qu'il y a des délits punissables par ies lois humaines et qui ne le sont pas par les lois divines. Il y a contradiction à poser d'une pari des délits où ne se rencontre pas un élément réel d'immorflilé, et à soutenir de l'autre que la raison pour laquelle la société peut pourtant les p u n i r , c'est que le mal social implique toujours le mai moral. « Nul « ne peut porter dommage à la société, sans enfreindre du mê- « me coup la loi morale. Pour peu cpi'on sache suivre par une « clairvoyante analyse la production du mal social, on trouve « aisément à justifier a posteriori la décision a priori qui vient « d'être émise. »