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l'injustice démontrée et signalée à la conscience publique,
la calomnie convaincue et confondue.
   C e p e n d a n t les consciences timorées s'effraient de l'am-
nistie accordée par la société à tant d'erreurs funestes. Il
leur semble que la société admet pour vrai tout ce quelle
n e punit pas. De là vient à leurs yeux le d é b o r d e m e n t , la
confusion d'opinions contradictoires auxquelles la société
l e u r paraît livrée. Plus rien de fixe, de stable, de r e c o n n u .
Flus de règle générale pour les esprits; plus de doctrines
immuables p l a n a n t au-dessus de la société p o u r en m a i n -
tenir   les liens. A leur place, u n pyronisme absolu dans
l ' o r d r e intellectuel; dans Tordre extérieur, des faits sans
relation aux principes et transitoires comme les nécessités
qui les enfantent. P o u r les individus enfin, u n égoïsme
sans contrepoids, l'absence du dévouement et du sacrifice,
et l'application exclusive à la recherche des jouissances
matérielles.
   Mais tout cela est fondé sur cette supposition que la s o -
ciété admet comme vraie ou du moins comme probables
toute opinion qui se produit dans son sein, p a r cela seul
qu'elle n e la punit pas, c'est-à-dire, qu'elle lui donne droit
de bourgoisie et l'installe dans son P a n t h é o n , ainsi que
faisait Rome des Dieux des nations conquises. E h ! bien, il
n'est rien de tout cela. La société agit comme les juges qui
savent d o n n e r raison à qui de droit, sans cependant s u p -
p r i m e r le plaidoyer de la partie succombante, parce q u ' a -
près tout, le plaidoyer était dans les prérogatives de la
défense. D e même, la société respecte, tout en rejetlant
les idées fausses, la liberté de ceux qui les ont é m i s e s ; elle
ne supprime et punit le plaidoyer, que lorsqu'il a excédé
certaines b o r n e s , et alors ce n'est pas comme faux, mais
comme violant les droits généraux ou ceux des particu-