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405 l'injustice démontrée et signalée à la conscience publique, la calomnie convaincue et confondue. C e p e n d a n t les consciences timorées s'effraient de l'am- nistie accordée par la société à tant d'erreurs funestes. Il leur semble que la société admet pour vrai tout ce quelle n e punit pas. De là vient à leurs yeux le d é b o r d e m e n t , la confusion d'opinions contradictoires auxquelles la société l e u r paraît livrée. Plus rien de fixe, de stable, de r e c o n n u . Flus de règle générale pour les esprits; plus de doctrines immuables p l a n a n t au-dessus de la société p o u r en m a i n - tenir les liens. A leur place, u n pyronisme absolu dans l ' o r d r e intellectuel; dans Tordre extérieur, des faits sans relation aux principes et transitoires comme les nécessités qui les enfantent. P o u r les individus enfin, u n égoïsme sans contrepoids, l'absence du dévouement et du sacrifice, et l'application exclusive à la recherche des jouissances matérielles. Mais tout cela est fondé sur cette supposition que la s o - ciété admet comme vraie ou du moins comme probables toute opinion qui se produit dans son sein, p a r cela seul qu'elle n e la punit pas, c'est-à -dire, qu'elle lui donne droit de bourgoisie et l'installe dans son P a n t h é o n , ainsi que faisait Rome des Dieux des nations conquises. E h ! bien, il n'est rien de tout cela. La société agit comme les juges qui savent d o n n e r raison à qui de droit, sans cependant s u p - p r i m e r le plaidoyer de la partie succombante, parce q u ' a - près tout, le plaidoyer était dans les prérogatives de la défense. D e même, la société respecte, tout en rejetlant les idées fausses, la liberté de ceux qui les ont é m i s e s ; elle ne supprime et punit le plaidoyer, que lorsqu'il a excédé certaines b o r n e s , et alors ce n'est pas comme faux, mais comme violant les droits généraux ou ceux des particu-