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Kers. Ce qui est faux, c'est la conscience publique qui le
discerne. Ce qui est c o u p a b l e , c'est la société elle-même,
représentée par le j u r y qui le déclare et le signale. E n ef-
fet, l'écrivain s'adressant à la société, c'est la société elle-
même qu'il p r e n d p o u r arbitre. S o n droit était d'agir sur
elle p a r la communication       de sa pensée; il a excédé ce
droit lorsqu'il a fait violence à la pensée publique, qu'il a
h e u r t é , blessé, insulté cette pensée, soit dans les doctrines
admises, soit dans les lois qui en sont résultées, soit dans
les pouvoirs établis pour la réaliser extérieurement. Le j u r y
n e déclare pas le faux ou le vrai, sa mission est autre. Il
déclare l'abus qui a été fait d'un droit, la violation de la li-
berté d'autrui, sous prétexte de l'exercice de la liberté i n -
dividuelle.


                                XIII.


   J e veux parler maintenant du journal p r o p r e m e n t d i t ;
car jusqu'ici mes raisonnements ont été applicables égale-
m e n t à la grande presse et à la presse périodique. Le
journal est quelque chose d'intermédiaire entre la conver-
sation et la grande presse. Il tient à la première par sa
spontanéité et sa durée fugitive. Il a de plus la rapidité et
l'ubiquité. C'est une conversation par écrit avec le public,
qui dure tout un j o u r et a tout un pays p o u r auditeur. Sa
matière est tout ce qu'il y a d'actif et d'actuel dans la so-
ciété, et par-dessus tout, les luttes de la politique et l'action
de l'opinion publique quant             aux pouvoirs.      S'occupant
ainsi de ce qui passionne le plus les esprits, il n'est pas
é t o n n a n t qu'il en e m p r u n t e un caractère de vivacité, a p -
p r o p r i é d'ailleurs à sa forme. Ainsi le journal entre n a t u -