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406 Kers. Ce qui est faux, c'est la conscience publique qui le discerne. Ce qui est c o u p a b l e , c'est la société elle-même, représentée par le j u r y qui le déclare et le signale. E n ef- fet, l'écrivain s'adressant à la société, c'est la société elle- même qu'il p r e n d p o u r arbitre. S o n droit était d'agir sur elle p a r la communication de sa pensée; il a excédé ce droit lorsqu'il a fait violence à la pensée publique, qu'il a h e u r t é , blessé, insulté cette pensée, soit dans les doctrines admises, soit dans les lois qui en sont résultées, soit dans les pouvoirs établis pour la réaliser extérieurement. Le j u r y n e déclare pas le faux ou le vrai, sa mission est autre. Il déclare l'abus qui a été fait d'un droit, la violation de la li- berté d'autrui, sous prétexte de l'exercice de la liberté i n - dividuelle. XIII. J e veux parler maintenant du journal p r o p r e m e n t d i t ; car jusqu'ici mes raisonnements ont été applicables égale- m e n t à la grande presse et à la presse périodique. Le journal est quelque chose d'intermédiaire entre la conver- sation et la grande presse. Il tient à la première par sa spontanéité et sa durée fugitive. Il a de plus la rapidité et l'ubiquité. C'est une conversation par écrit avec le public, qui dure tout un j o u r et a tout un pays p o u r auditeur. Sa matière est tout ce qu'il y a d'actif et d'actuel dans la so- ciété, et par-dessus tout, les luttes de la politique et l'action de l'opinion publique quant aux pouvoirs. S'occupant ainsi de ce qui passionne le plus les esprits, il n'est pas é t o n n a n t qu'il en e m p r u n t e un caractère de vivacité, a p - p r o p r i é d'ailleurs à sa forme. Ainsi le journal entre n a t u -