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400 que donnait à la police du temps , l'opposition de certains salons de Paris, devenus des fabriques de calomnies contre l ' e m p e r e u r , sa cour et ses grands dignitaires. Jamais l'hos- tilité de la presse libre n'a tant ému le pouvoir sous le r é - gime constitutionel, que ces bruits de salon, sous le régime de la censure. E t ces inquiétudes étaient t r o p bien fon- dées ! Précisément, parce qu'il n ' y avait point de presse libre, les inventions de la malveillance se r é p a n d a i e n t sans c o n t r e - p o i d s , sous le voile du m y s t è r e , sous la forme de correspondances ou de p a m p h l e t s clandestins, et d'étage en étage , des hauts salons à ceux de la bourgeoisie, de la capitale aux d é p a r t e m e n t s , tout cela pénétrait jus- qu'aux masses populaires. Que les p e r s o n n e s qui ont vécu sous l'ère impériale rappellent leurs souvenirs ! Q u e de calomnies sur le gouvernement et sur le caractère p e r s o n - nel de l'empereur ont trouvé créance, même auprès de la foule de b o n n e foi et surtout dans cette classe m o y e n n e qui les recevait de seconde main ! que de choses n e con- sidérait-on pas comme vraies , qui depuis ont été r e c o n - nues fausses , grâce à la liberté des discussions et des témoignages ! Mais, dans ce temps-là , les témoignages favorables n'étaient pas accueillis parce qu'il n'était pas permis de p o r t e r , a u t r e m e n t que sous le manteau, des té- moignages contraires. O n ajoutait foi au mal propagé s e - crètement, parce que l'apologie publique et privilégiée était toujours suspecte de flatterie et souvent de mensonge. Les victoires mêmes de nos armées n'étaient établies que par des bulletins dont la véracité était un mystère d'état; leur autorité était balancée p a r mille r a p p o r t s controuvés. Lorsque la malveillance, anticipant sur nos désastres, e n - terrait nos armées dans leurs lointaines conquêtes, au m o - m e n t même où elles ajoutaient de brillants fleurons à l e u r