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que donnait à la police du temps , l'opposition de certains
salons de Paris, devenus des fabriques de calomnies contre
l ' e m p e r e u r , sa cour et ses grands dignitaires. Jamais l'hos-
tilité de la presse libre n'a tant ému le pouvoir sous le r é -
gime constitutionel, que ces bruits de salon, sous le régime
de la censure. E t ces inquiétudes étaient t r o p bien fon-
dées ! Précisément, parce qu'il n ' y avait point de presse
libre, les inventions de la malveillance se r é p a n d a i e n t sans
c o n t r e - p o i d s , sous le voile du m y s t è r e , sous la forme de
correspondances ou de p a m p h l e t s clandestins, et d'étage
en étage , des hauts salons à ceux de la bourgeoisie, de
la capitale aux d é p a r t e m e n t s , tout   cela pénétrait       jus-
qu'aux masses populaires. Que les p e r s o n n e s qui ont vécu
sous l'ère impériale rappellent leurs souvenirs ! Q u e de
calomnies sur le gouvernement et sur le caractère p e r s o n -
nel de l'empereur ont trouvé créance, même auprès de
la foule de b o n n e foi et surtout dans cette classe m o y e n n e
qui les recevait de seconde main ! que de choses n e con-
sidérait-on pas comme vraies , qui depuis ont été r e c o n -
nues fausses , grâce à la liberté des discussions et                   des
témoignages ! Mais, dans ce temps-là , les témoignages
favorables n'étaient pas accueillis parce qu'il n'était                pas
permis de p o r t e r , a u t r e m e n t que sous le manteau, des té-
moignages contraires. O n ajoutait foi au mal propagé s e -
crètement, parce que l'apologie publique et                  privilégiée
était toujours suspecte de flatterie et souvent de mensonge.
Les victoires mêmes de nos armées n'étaient établies que
par des bulletins dont la véracité était un mystère d'état;
leur autorité était balancée p a r mille r a p p o r t s controuvés.
Lorsque la malveillance, anticipant sur nos désastres, e n -
terrait nos armées dans leurs lointaines conquêtes, au m o -
m e n t même où elles ajoutaient de brillants fleurons à l e u r