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                             IX.


     Il me reste maintenant à examiner la liberté de la presse
  sous le rapport de Fhonneur et de la réputation des indi-
  vidus.
     Eh ! Lien, je ne crains pas de défier ici qu'on me
 cite aucune réputation qui ait été injustement détruite
 par les attaques de la presse. Je parle ici du résultat , non
 certes des intentions ; car il est vrai qu'il n'y a aucun
 nom honorable qu'on n'ait voulu dégrader et souiller. J e
 ne parle pas non plus d'un succès momentané, mais du ré-
 sultat permanent; car il est vrai aussi qu'il n'y a pas de
 réputation qui n'ait été un jour ternie sous les efforts de
 la calomnie ; mais la calomnie s'efface devant la vérité, et
 celle qui a pour instrument la presse bien plus vite que
celle qui a toute autre voie de propagation.
    La raison en est bien facile à comprendre. Si la calom-
nie, par la voie de la presse, se propage avec l'éclat et la
rapidité qui sont dans la nature de l'instrument, elle ac-
quiert aussi par cette publicité un corps qui permet de
l'atteindre, de la saisir et de l'écraser sous les coups-de la
vérité. N'est-il pas vrai que la calomnie la plus dange-
reuse est celle qui se glisse dans l'ombre et se colporte
sous le sceau des confidences ; qu'on ne peut suivre parce
qu'elle marche sans laisser de traces; qui a déjà empoi-
sonné une vie, tandisque la victime ne se doute pas de son
atteinte; enfin qui n'offre aux réfutations qu'un vague in-
saisissable ?
    On lit, dans quelques mémoires de l'Empire, dans ceux
du duc de Rovigo, je crois, de curieux détails sur les soucis