page suivante »
399 IX. Il me reste maintenant à examiner la liberté de la presse sous le rapport de Fhonneur et de la réputation des indi- vidus. Eh ! Lien, je ne crains pas de défier ici qu'on me cite aucune réputation qui ait été injustement détruite par les attaques de la presse. Je parle ici du résultat , non certes des intentions ; car il est vrai qu'il n'y a aucun nom honorable qu'on n'ait voulu dégrader et souiller. J e ne parle pas non plus d'un succès momentané, mais du ré- sultat permanent; car il est vrai aussi qu'il n'y a pas de réputation qui n'ait été un jour ternie sous les efforts de la calomnie ; mais la calomnie s'efface devant la vérité, et celle qui a pour instrument la presse bien plus vite que celle qui a toute autre voie de propagation. La raison en est bien facile à comprendre. Si la calom- nie, par la voie de la presse, se propage avec l'éclat et la rapidité qui sont dans la nature de l'instrument, elle ac- quiert aussi par cette publicité un corps qui permet de l'atteindre, de la saisir et de l'écraser sous les coups-de la vérité. N'est-il pas vrai que la calomnie la plus dange- reuse est celle qui se glisse dans l'ombre et se colporte sous le sceau des confidences ; qu'on ne peut suivre parce qu'elle marche sans laisser de traces; qui a déjà empoi- sonné une vie, tandisque la victime ne se doute pas de son atteinte; enfin qui n'offre aux réfutations qu'un vague in- saisissable ? On lit, dans quelques mémoires de l'Empire, dans ceux du duc de Rovigo, je crois, de curieux détails sur les soucis