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   à l'opinion de la France, ce qu'il y a de plus intime et de
   plus sacré dans l'homme, sa religion. Que de combats, que
   d'efforts pour obliger Louis XIII à chasser son ministre
  Richelieu! Plus tard, vient la Fronde contre Mazarin. Après
  ce dernier, jusqu'en 178g, la France semble être en ère
  complète de gouvernement absolu. Et cependant que
  d'exemples on pourrait citer de ministres enlevés à la faveur
  du monarque, ou placés contre son gré dans ses conseils par
  des cabales de cour, et des intrigues de la noblesse ? Le
  pouvoir n'est nulle part entier, toujours maître, toujours
  libre dans son arbitraire. Partout il est obligé de composer
  avec les résistances et de tenir compte des circonstances
  qui le dominent. La condition des rois constitutionnels
  n'est pas à cet égard pire que celle des rois absolus. Seule-
 ment ceux-ci subissent des influences bien moins morales,
 fût-ce celles des prétoriens qui les gardent ou des grands
 qui peuplent leur cour.
     Mais si la liberté de la presse est un des éléments du ré-
 gime constitutionnel, ne pourrait-on pas la comparer à
 ces pièces d'une mécanique, dont le jeu mal calculé em-
 porte et détruit tout l'ensemble ? Ainsi, la liberté de la
 presse ne livre-t-elle pas les affaires d'un peuple à un es-
 prit fatal d'inconsistance et de légèreté ? Ne le conduit-
 elle pas à son déclin et à sa ruine? Ne voyons-nous pas
chaque jour que rien ne peut durer avec elle, même les
pouvoirs incommutahles? Enfin, que faite, dit-on, pour le
gouvernement constitutionnel, elle ne respecte pas même
la forme du gouvernement qui l'a introduite.
   La liberté de la presse est, sans doute, une force démo-
cratique. Mais la mobilité même qui en résulte n'est que
celle des idées du plus grand nombre, et pourquoi s'ima-
giner que ces idées varient du jour au jour, et qu'elles ne