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té de l'opinion, la seule démocratie raisonnable et possible
dans les grandes sociétés politiques.
   Il résulte de ceci qu'une des formes essentielles du gou-
vernement constitutionnel, est qu'il existe dans les pouvoirs
une partie mobile suivant l'opinion triompbante et passée
dans l'ordre des faits ; cette partie est celle qui administre
et qui gouverne; c'est enfin le pouvoir ministériel. Elle
représente donc le principe actif, mais aussi le principe
variable, et voilà pourquoi c'est contre elle que se livrent
tant de combats, dans le parlement et dans la presse 3 dans
le parlement, où l'opinion est déjà représentée, constituée
sous la forme visible et numérable d'une majoiité; dans la
presse, instrument des efforts individuels qui ont pour but
de modifier l'opinion et d'arriver par elle à la modification
du système gouvernemental.
   Telles sont les conditions du régime constitutionnel,
dont je n'ai pas l'intention de faire ici l'apologie; cela me
mènerait trop loin. En l'exposant, j'ai voulu seulement
établir qu'il ne peut se séparer de la liberté de la presse, et
qu'il faut opter entre les vouloir l'un et l'autre, ou ne les
vouloir ni l'un ni l'autre»
   Je demande maintenant si c'est une condition particu-
lièrement attachée au gouvernement constitutionnel que le
monarque y soit éventuellement obligé, dans certaines cir-
constances, de changer un ministère qui lui plaît, d'en ap-
peler un autre qui lui répugne, enfin, d'organiser un sys-
tème gouvernemental suivant des idées qui ne sont pas les
siennes. Pour trouver des exemples de cette sorte de vio-
lence morale envers les souverains, même absolus, il n'est
pas nécessaire de remonter jusqu'à la royauté féodale, op-
primée parles barons. Le pouvoir royal avait déjà triom-
phé en France, lorsque Henri IV est contraint de sacrifier
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