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ment. Mais je suis convaincu qu'on ne déterminera jamais
la société à se transformer contrairement à sa nature, c'est-
à-dire, en substituant la propriété générale à la propriété
privée, et l'organisation par groupes nombreux à l'organi-
sation par familles. L'active émulation des talents et des
travaux, les concurrences et les inégalités qui en résultent,
et la transmission par héritage des fruits acquis à l'indivi-
du par ces moyens, sont aussi des faits qui subsisteront
toujours, et contre lesquels il n'y aura jamais que des ten-
tatives isolées et de peu de durée.
   S'il était vrai qu'on pût persuader à la société qu'elle
doit se refondre suivant les systèmes des socialistes, et que
le bon sens général n'y résistât pas, je dis qu'il n'y aurait
point de censure capable d'empêcher une telle idée de se
répandre, de germer dans les croyances et de se résoudre
en une grande révolution : il ne faut pas exagérer la puis-
sance de la presse ; la force qu'elle donne à une idée n'est
pas la sienne propre] c'est celle de l'idée reflétée dans
les intelligences. Mais, au défaut de l'instrument, vous ne
pouvez pas empêcher à l'idée elle-même d'exister, et de se
répandre par d'autres canaux, comme un courant d'eau
dont on intercepterait le lit se ferait jour par de nouvelles
issues. Y avait-il une presse libre, un journalisme libre au
seizième siècle, lors de la réforme prolestante? Y en avait-
il au dix-huitième siècle, lors du travail des esprits qui a
préparé la révolution française?
   Mais, en fait} les réformateurs socialistes n'ont point fait
de progrès. L'organisation saint-simonienne s'est dissoute;
le fouriérisme en est à quêter les moyens matériels de son
premier phalanstère; et tout cela malgré l'éloquent et
courageux apostolat d'une foule d'hommes qui se sont dé-
voués, avec des talents regrettables, au service de ces chi-