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sont obscènes et licencieuses; faudra-t-il proscrire Molière?
Pour la classe corrompue, nos plus mauvais romans n'ont
plus de mal à faire et ne peuvent plus que corriger. Sont-
ils pour cela des livres parfaits? Non, mais cela veut dire
qu'un livre bon pour les uns est mauvais pour les autres,
par conséquent que la seule censure qui puisse exister dans
ces matières, c'est la censure morale qui s'exerce sur la rai-
son et la conscience.
VIII.
On conçoit que l'organisation sociale repose sur cer-
taines bases nécessaires, parmi lesquelles les deux princi-
pales sont la propriété et la constitution de la famille.
Mais quoi ! celte organisation est-elle chose si fragile qu'il
faille l'entourer d'une enceinte silencieuse à travers la-
quelle nul examen ne doit pénétrer ? Y a-t-il donc à crain-
dre que des raisonnements réussissent à prouver à la société
qu'elle a tort d'exister, et qu'elle doit commencer par se
suicider, dans l'espoir de renaître plus belle? Quant à moi,
je pense que la société est trop solide sur ses bases pour
qu'elle ne résiste pas aux rénovateurs de toutes les sectes
qui portent aujourd'hui le nom commun de socialistes. Ces
utopistes ne sont pas plus dangereux que tous ceux qui
les ont précédés; mais ils ont plus de retentissement, pré-
cisément, il faut bien le dire, à cause de la liberté de la
presse qui sert de véhicule à toutes les idées et tient conti-
nuellement les intelligences en éveil sur le grand problème
du progrès de l'humanité. Peut-être aussi y a-t-il quelque
chose de particulier dans notre époque, qui attire l'atten-
tion sur les questions de cette nature. Je ne sais s'il est vrai
que nous soyons dans une ère de transition et d'enfante-