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S 87 plaire? Et cependant avec cela, je nie que la presse en gé- néral soit corruptrice des moeurs. Toute émanation de l'in- telligence, toute pensée mise au dehors s'adresse à la con-. science publique qui la juge. Dans ce bouillonnement actif des idées communiquées, dans ce travail des esprits, tout ce qui est faux on contraire à la nature morale de l'homme est rejeté comme une écume impure5 la société ne reçoit que ce qui convient à ses progrès, tout ce qui ajoute quel- que chose à la masse des vérités déjà admises par elle. La littérature frivole elle-même ne peut parvenir à son Lut, qui est de plaire, qu'avec le secours de l'art. Or, l'art n'existe pas sans le rapprochement de l'idéal, c'est-à -dire du type primitif qui est en nous, et le beau ne peut être ja- mais séparé complètement du bon. Mon Dieu! qu'on ne dise pas que je fais ici l'apologie des mauvais livres qui nous inondent ! J'approuve fort les pasteurs des âmes d'en condamner la lecture, et les institu- teurs delà jeunesse de les écarter des mains de leurs élèves. Quand ces livres ne feraient qu'ôter le goût des études sé- rieuses et consumer le temps qu'on pourrait employer à de meilleures lectures, ce serait assez. Mais j'ose presque dire de la plupart de ces livres, qu'ils ne sont condamnables que sous ce rapport, c'est-à -dire qu'en somme il y a encore, du moins pour un grand nombre de personnes, plus de profit à les lire qu'à ne rien lire du tout. Pour établir ceci, je ferais, si j'en avais le loisir, l'analyse d'un roman quel- conque d'un de nos auteurs en vogue, par exemple de George Sand. J'y trouverais sans doute quantité de choses fausses et dangereuses, mais aussi quantité de pensées vraies et bien exprimées qui ont justifié le succès de l'auteur. Après tout, dans ces choses là , le mal est relatif. Pour un jeune homme de quinze ans, quelques scènes de Molière