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 crime. A part cette classe d'idées, toutes les autres vérités
 ne sont que relatives, c'est-à-dire que si l'assentiment de
 plusieurs intelligences sur un point doit prévaloir sur celui
 d'une raison individuelle, si tout un peuple sur quelques
 individus, si le genre humain tout, entier sur un seul peuple,
 c'est par une présomption fondée sur ce fait, que l'erreur de
 plusieurs est moins possible que celle d'un seul, et celle de
 tous que celle de plusieurs, en sorte que l'assentiment de
 la conscience générale est le signe apparent de la vérité,
 dans l'ordre humain. Mais ce n'est toujours là qu'une
 présomption, quelque près de la vérité réelle qu'on la
suppose, car il n'est pas absolument impossible que la rai-
son d'un seul ou de quelques-uns ait bien jugé et que l'er-
reur soit du côté du plus grand nombre. C'est même sur
ce fondement que les individus, tout obligés qu'ils sont
par les décisions de la conscience générale, ont le droit et
sont même soumis au devoir d'agir sur elle autant qu'ils le
peuvent, et de porter leur part au faisceau de la lumière
commune.
    Mais la vérité religieuse existant par elle-même, et indé-
pendamment de l'assentiment que les hommes peuvent lui
accorder ou lui refuser, n'a rien à recevoir des raisons ex-
térieures; elle leur commande et n'en subit pas les influen-
ces. Elle ne peut donc admettre une liberté qui existerait
contre elle, et qui lui disputerait les consciences au profit
de l'erreur.
   Sans doute l'autorité religieuse est absolue et par cela
même intolérante; elle ordonne ou elle défend, elle ap-
prouve ou elle condamne ; elle promet des récompenses ou
des peines, en vertu de son droit et au nom du ciel dont
elle est l'interprète. Mais si nous ne la supposons pas théo-
cratie, c'est-à-dire, n'étant plus seulement autorité re!i-