Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                             379
   Chacune aussi a eu son théâtre. Quelle est la terre qui
n'a pas en cela porté ses fruits distincts, et payé son tribut
au monde des intelligences?



                             IV.


   Il faut pourtant que la liberté dans les communications
de la pensée par la presse, qui est, comme je l'ai dit, une
extension du moi, s'allie avec les conditions nécesssires de
l'association. Autrement, il y aurait une contradiction
choquante. Le besoin de se constituer en sociétés résulte
aussi du développement du moi; de plus, celui d'agir,
par l'idée, sur les intelligences suppose un certain état de
civilisation, des formés d'association ayant déjà un certain
degré de perfection. Il faut donc que ces deux choses puis-
sent se concilier.
  Or, il n'y a logiquement que deux opinions sur les for-
mes des associations humaines qui peuvent rejeter la li-
berté de la presse.
   Suivant la première, l'homme est un être livré par sa
nature à un égoïsme sans contre-poids. Il n'y a qu'une
force extérieure qui soit capable d'empêcher les effets
violents de cet égoïsme, c'est la société ; et la société n'a
elle-même qu'un lien possible, l'autorité absolue du prince.
L'individu s'absorbe dans l'état et l'état dans le prince.
Celui-ci, à la vérité, n'est pas d'une nature meilleure que
les autres hommes; mais son intérêt, à lui, est de conserver
des sujets qui sont sa propriété, dont le travail grossit ses
trésors, et dont le sang alimente sa gloire. Par là se main-