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    Les nouveaux accusateurs de la presse périodique en
parlent comme si elle était un être moral, qui délibère, se
détermine et agit, et pour exprimer cette solidarité, on a
inventé le mot Journalisme. Il est vrai qu'on avait d'abord
parlé avec la même impropriété de langage des bienfaits
du journalisme, de la puissance du journalisme, comme
maintenant on signale les crimes du journalisme. On en
avait fait lé roi de la société5 maintenant on le détrône,
on le poursuitj on le juge comme un tyran. E h ! bien> ce
n'est ni un roi, ni un tyran, pas même un être moral, un
être de raison 3 car pour cela, il faudrait qu'il y eut union
et société entre tous les hommes qui usent de la presse
périodique. Au contraire, il s'en faut tant qu'ils aient les
mêmes idées et les mêmes intérêts, qu'ils n'emploient l'ins-
trument qui appartient à tout le monde, que pour se livrer
entr'eux des combats dans le domaine de l'opinion et de
l'intelligence? Comment répondraient-ils donc les uns
pour les autres? Comment surtout l'instrument répon-
drait-il, lui aveugle, de l'usage si divers qu'on en fait!
     Ainsi la presse n'est pas uii pouvoir public; son usage
 n'est qu'un mode de manifestation de l'individu, qu'un
 développement de Sa puissance personnelle. La liberté de
 la presse n'existe qu'à la condition de servir à tous. Ainsij
 il faut s'attendre en l'admettant, qu'il ne s'élèvera pas dans
 la société une croyance, un parti, un intérêt, une idée,
 qu'elle ne lui serve de véhicule, d'arme offensive ou dé-
 fensive. Elle sera employée à l'aide du mensonge comme
 de la vérité, de la folie comme de la raison. Mais si à la fin
  la vérité doit l'emporter sur le mensonge, la justice sur
 l'iniquité, le droit sur l'oppression, la libre manifestation
 de la pensée aura hâté le jour du triomphe; car elle aura