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                                  II.


   Gomme il est dans la n a t u r e de l'homme de sentir bien
plus vivement le mal que le bien, il n'est pas é t o n n a n t q u e ,
jouissant de la liberté de la presse, comme d'une c o n q u ê t e
a r d e m m e n t désirée, nous soyons m a i n t e n a n t plus frappés
de ses abus que de ses avantages. Ce q u ' o n ne peut admet-
t r e , c'est que les esprits philosophiques qui l'ont p r é p a r é e
et les esprits politiques qui l'ont         fait passer    dans    nos
lois, que tant d'hommes, dis-je, si éclairés et si prévoyants,
se soient grossièrement trompés en enchaînant la société à
jamais, sans relâche, à u n principe dissolvant de toute loi,
de tout p o u v o i r , de toute réputation.
   Q u o i ! la liberté, c'est-à-dire, l'usage sans empêchement,
soumis à l'empire de chaque volonté et un usage toujours
éclairé et p r u d e n t !
   Quoi! l'instrument le plus rapide de toute propagation
mis à la disposition de loute idée, et il n'y aura que les idées
justes et. utiles qui en.profiteront !
   Quoi ! une arme p o u r toutes les passions et les passions
nobles et généreuses s'en serviront seules !
   N o n , comme toutes les facultés de l'homme, celle-ci
devait servir et pour le bien et pour le mal ; mais comme
toutes les facultés aussi, celle-ci n e pouvait être interdite
sans tyrannie. Considérée q u a n t aux individus, elle est
p o u r eux u n droit 3 ils r é p o n d e n t de son usage, mais ils en
doivent jouir. Considérée vis-à-vis de la société, elle est
un des éléments de sa vie. O r , la vie en toute chose h u -
maine se compose de bien et de m a l ; p r é t e n d r e extirper
le mal, c'est détruire la vie.