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 sacré ces vérités par une formule énergique: À côté d'un bœuf
 naissent dix pains ; à côté d'un pain naît un homme.
    Ainsi, tout ce que dit M. de Lamartine, qui veut que la
 terre multiplie des hommes au lieu d'engraisser des bestiaux ven-
 dus cher, est parfaitement dénué de sens, révérence parler;
 car ce sont les bestiaux qui donnent les moyens de nourrir et
 de multiplier les hommes ; et si les hommes n'étaient pas mul-
 tipliés, il n'y aurait pas moyen de vendre les bestiaux cher.
    La disette, dit un agronome distingué, seraitle résullalfatal,
 inévitable de toute réduction du bétail en France; on peut dire
plus, la disette arriverait inévitablement si le nombre des
bestiaux n'augmentait chez nous dans la m'ême proportion
que la population ; car comment fournir aux besoins croissants
de celte dernière, si le pays n'augmente proporlionellement
ses ressources en engrais, et par conséquent son bétail. Or,
gagner sur le bétail, c'est toujours en définitive la seule con-
dition admissible pour en avoir, pour en élever, en engraisser,
enfin le seul encouragement efficace à en accroître le nombre.
   Quant à l'augmentation des salaires, il resterait à savoir si
elle serait moins forte avec l'augmentation forcée et habituelle
du prix du pain qu'avec celle de la viande. Il n'y a qu'à con-
sulter à cet égard l'hygiène habituelle de la population et ses
habitudes de consommation. Nous ne sommes pas en An-
gleterre où la consommation de la viande l'emporte presque
sur celle du pain. Pour la France, au contraire, le haut prix
du pain, c'est le précurseur le plus certain du trouble et de
l'émeute ; c'^st le point d'appui le plus solide qui s'offre au
levier des révolutions.
   Disons en finissant que les sentiments philanthropiques de
M. de Lamartine pour le pauvre n'appartiennent pas à lui seul.
Ceux qui ne partagent pas son opinion sur la question des
bestiaux partagent certainement sa sollicitude pour les classes
nombreuses de la société. Celte prétention de s'arroger le mo-
nopole d'un vif intérêt pour le bien être du pauvre ne peut
pas plus être passée à M. de Lamartine qu'aux journaux dé-