Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                              355                     f"'~   '•
vilége, sorlie de la bouche d'un homme comme M. de Lamar-
tine, pourrait avoir une dangereuse gravité^ et ne tendrait pas
Ă  calmer la surexcitation actuelle des esprils.
   S'il était bien reconnu que l'abaissement du droit d'eulrée
sur les bestiaux étrangers dut amener dans les prix de vente
une diminution profitable Ă  ceux qui consomment, sans nuire
Ă  ceux qui produisent, on ne verrait aucune raison de s'obs-
tiner Ă  maintenir des tarifs presque prohibitifs; on ne com-
prendrait pas comment un conseil général, composé d'hommes
que très-certainement leur intérêt privé ne domine pas au
point de les aveugler complètement sur l'intérêt de la masse,
aurait été pour ainsi dire unanime à demander la continuation
des tarifs.
   Mais il est parfaitement établi au contraire que l'industrie
agricole qui élève le bétail perdra toutes chances de bénéfice,
si on la met aux prises avec la concurrence écrasante de l'é-
tranger placé à divers titres dans de plus favorables conditions
que nous ; l'immense extension qu'a prise chez nous la culture
des fourrages artificiels et des fourrages-racines s'efforce de
compenser celle différence de condition ; mais elle n'y est
pas encore parvenue. ~— Or, la privation de bénéfice sur le
bétail, ce sera forcément la restriction de la production pour
le bétail comme pour toutes choses : ce sera tuer la poule aux
œufs d'or avant qu'elle n'ait pondu. —>- Ce n'est pas tout. Res-
treindre la production du bétail, c'est réduire toute production
agricole, parce que l'agriculture repose en définitive sur l'em-
ploi d'engrais abondants. Sans bétail, point d'instrument de
travail pour les cultivateurs d'abord, point d'engrais ensuite :
cela est clair et n'a pas besoin de démonstration. Or point d'en-
grais, point de récolte et sol appauvri, Quoiqu'on fasse, on
ne pourra jamais sortir de ce cercle révélé à l'homme dès qu'il
a cultivé la terre. Ainsi la réduction du bétail et de l'engrais
entraînera forcément la stérilisation du sol, la réduction des
céréales et du pain, par conséquent la disette.
  Une économie pratique et qui n'a rien de mystérieux a con-