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$ari oporteat) renferme des préceptes de tous les temps,
de tous les lieux, et des détails fort précieux sur les habi-
tudes somptuaires de son époque. Il s'élève avec force contre
l'usage des secundœ mensœ que Celse blâmait déjà lui-môme
de son temps : il considère comme un art perfide celui qui
offre à des hommes rassasiés et suffisamment nourris des
mets qui réveillent l'appétit éteint. Le trop grand luxe de
la table prépare la maladie, qui ad luxum mensœ propensi
sunt, suos sibi tnorbos enutriunt (1).
   « En vain, dit-il, l'habile médecin Antiphane affirme que
cette variété de mets est presque l'unique cause de leurs
maladies, ils s'irritent contre cette vérité, et poussés par
je ne sais quelle vaine gloire, ils méprisent tout ce qui est
simple et naturel. Rien n'échappe à leur avidité, ils n'épar-
gnent ni peines ni argent. Les murènes des mers de Sicile,
les anguilles du Méandre, les chevreaux de Melos, les pois-
sons de Sciato, les huîtres d'Abydos, les légumes de l'Epire;
que diraïs-je encore? les bettes d'Asie, les pétoncles de
Metymne, les turbots de l'Attique, les grives de Daphné et
les figues de Ghélidoine, pour lesquelles le Perse stupide
envahit la Grèce avec une armée de cinquante mille hom-
mes ; enfin les oiseaux du Phare, les faisans d'Egypte, les
paons de Médie, ils achètent et dévorent tout (2). »
   Sous le point de vue historique, cette énuméralion peut
avoir son prix. C'est dans le Pédagogue, en effet, que l'on
peut puiser les notions les plus certaines touchant la dépra-
vation organique et morale où étaient parvenues les hautes
classes de la société romaine. Le luxe, dit encore ce grand
évêque, a fait des hommes un affreux mélange et les a cou-
verts d'opprobre. Le vice promène ses joies lascives et insul-

  (1) Clém. Alex. op. omn. in-fol.,ed. Basil 1336, p. 29, 50.
  (2) Ped. liv. 111, p. 03.