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forte preuve que le christianisme s'adresse à l'homme entier
et qu'il s'intéresse au bien-ôtre de la chair. Mais chose non
moins remarquable, les premières hérésies qui furent com-
battues furent celles qui ne venaient la plupart que d'un excès
de sévérité et de haine envers le corps. Ainsi les Marcionites
et les Manichéens soutenaient que la chair était mauvaise et
l'ouvrage du mauvais principe, d'où ils concluaient qu'il
n'était point permis d'en manger, ni de la multiplier par
génération (1). L'église chrétienne déploya toute sa sévérité
contre ces doctrines subversives, et si peu conformes à l'es-
prit de l'Evangile; elle les réduisit en poudre, en déchaî-
nant contre elles les voix puissantes d'Origène et de Ter-
tullien.
    La pensée dominante de l'admirable livre de l'apologé-
tique, apologeticus adversus gentes, n'est autre chose que la
démonstration par les faits de l'impuissance radicale du po-
lythéisme pour conduire l'espèce humaine dans une voie
d'ordre, de moralité et de vigueur, tandis que la religion
chrétienne possède en elle toutes les conditions pour réaliser
ici-bas le bonheur possible. Tertullien, dans ce terrible ré-
quisitoire contre les institutions du passé, met à nu, sans
ménagement, tous les vices issus nécessairement de la reli-
gion païenne, et qui doivent compromettre l'intérêt de l'es-
 pèce .
    « Vous marchandez les adultères dans les temples, s'écrie-
 t-il en s'adressant aux païens; vous corrompez la pudicité
 des femmes devant les autels       Les philosophes ont cou-
 tume de souiller les mariages de leurs amis; ils prostituent
 aussi leurs mariages avec beaucoup de patience à l'impudi-
 cité de leurs amis; ce qu'ils ont appris [credo) je crois en
 l'école d'un Socrate grec, et d'un Caton romain, qui on£

  (.1) Fleury, Mœurs des Chrétiens, p . 38-1688,