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   M. Bernard a vu dans YHymne des Anges un ouvrage pré-
curseur de Milton, et qui peut-être n'était pas inconnu du
poète anglais. Une telle supposition ne nous semble pas
naturelle, et ce n'est point sur quelques vagues traits de res-
semblance qu'il faut baser de pareils rapprochements. Les
mêmes situations amènent les mêmes pensées, et les mêmes
paroles quelquefois.
   La poésie d'Anne d'Urfé ressemble à toute la friperie poé-
tique des vulgaires rimailleurs de son époque ; au surplus,
on en jugera par un sonnet sur la mort de sa chère Carile :

      Vanité ! vanité ! qu'une demi-déesse
      Qu'aullre n'a seconde en sa perfection,
      Ayant mis tout le monde en admiration,
      Soit réduicte à ce point, enclose en ceste caisse.


      Vanité ! vanité ! de voir ces vermisseaux
      Jouir de cette chair, de ses membres si beaux,
      Au lieu de tant d'amants n'ayant rien qui luy tiene.


      Mais reconfortons-nous que ce tout périra.
      Comme ce corps icy lorsque Dieu le dira ;
      Il fut baty de rien, il fault qu'il y reviene.

   Sans doute, le mouvement de ces quelques vers, quoiqu'il
se borne à reproduire le touchant début de Salomon, est na-
turel et bien senti, mais combien de pages de ce genre pour-
rait-on lire aujourd'hui dans les poésies de l'auteur ?
   Anne d'Urfé, qui s'était fait une solitude pieuse et lettrée,
mourut en 1621, d'une très-chrétienne et sainte mort. Il fut
inhumé dans l'Eglise Notre-Dame de Montbrison.
   Quant à Honoré, le célèbre auteur de Yâslrée, il naquit à
Marseille le 11 février 1568, et passa les premières années de
sa jeunesse sur les bords du Lignon qu'il a immortalisés. En
1583, il se trouvait au collège de Tournon^ alors dirigé par
les PP. Jésuites, et il fut chargé de la rédaction d'un petit vo-