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306 M. Bernard a vu dans YHymne des Anges un ouvrage pré- curseur de Milton, et qui peut-être n'était pas inconnu du poète anglais. Une telle supposition ne nous semble pas naturelle, et ce n'est point sur quelques vagues traits de res- semblance qu'il faut baser de pareils rapprochements. Les mêmes situations amènent les mêmes pensées, et les mêmes paroles quelquefois. La poésie d'Anne d'Urfé ressemble à toute la friperie poé- tique des vulgaires rimailleurs de son époque ; au surplus, on en jugera par un sonnet sur la mort de sa chère Carile : Vanité ! vanité ! qu'une demi-déesse Qu'aullre n'a seconde en sa perfection, Ayant mis tout le monde en admiration, Soit réduicte à ce point, enclose en ceste caisse. Vanité ! vanité ! de voir ces vermisseaux Jouir de cette chair, de ses membres si beaux, Au lieu de tant d'amants n'ayant rien qui luy tiene. Mais reconfortons-nous que ce tout périra. Comme ce corps icy lorsque Dieu le dira ; Il fut baty de rien, il fault qu'il y reviene. Sans doute, le mouvement de ces quelques vers, quoiqu'il se borne à reproduire le touchant début de Salomon, est na- turel et bien senti, mais combien de pages de ce genre pour- rait-on lire aujourd'hui dans les poésies de l'auteur ? Anne d'Urfé, qui s'était fait une solitude pieuse et lettrée, mourut en 1621, d'une très-chrétienne et sainte mort. Il fut inhumé dans l'Eglise Notre-Dame de Montbrison. Quant à Honoré, le célèbre auteur de Yâslrée, il naquit à Marseille le 11 février 1568, et passa les premières années de sa jeunesse sur les bords du Lignon qu'il a immortalisés. En 1583, il se trouvait au collège de Tournon^ alors dirigé par les PP. Jésuites, et il fut chargé de la rédaction d'un petit vo-