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deMonlbrison. Pour se disposer à bien mourir, on élevait alors
des maisons de prière et d'aumône, et des richesses qui de-
viennent aujourd'hui la proie de viles Aspasies ou d'héritiers
dissipateurs étaient consacrées à l'érection de retraites sa-
crées où l'on se réservait un tombeau, comme fit Pierre d'Urfé
avec ses deux épouses.
   Cette famille qui s'illustrait dans les armes et qui obtenait-
de hauts emplois, qui fondait des couvents de religieux et de
religieuses, se distinguait aussi par son amour pour les lettres.
Claude d'Urfé avait réuni dans sa demeure de la Bâtie une
Bibliothèque très riche, qui avait plus de deux cents beaux
manuscrits, sans compter les imprimés. On peut encore se
faire une idée de l'importance de cette collection par les ma-
gnifiques débris qui se trouvent aujourd'hui à la Bibliothèque
royale, après avoir figuré dans celle du duc de la 'Valliere. Ce
sont pour la plupart de grands in-folio, en parchemin, reliés
avec soin et ornés de moulures en cuivre, sur lesquelles on
voit gravé le chiffre de Claude uni à celui de sa femme. M. Ber-
nard en signale un notamment, qui, bien que privé de reliure,
mérite une mention particulière, comme pouvant donner une
idée du goût de Claude, de sa science et de son amour des
lettres ; c'est un volumineux recueil de poésies des trouba-
dours. 11 est unique au monde, tant pour la quantité que pour
le choix des pièces qui le composent. Il est connu à la Biblio-
thèque sous le nom de Manuscrit d'Urfé, nom que l'on donne
aussi à un célèbre et magnifique in-folio en vélin contenant les
pièces du procès de Jeanne-d'Arc, et de même que le premier,
provenant de la Bibliothèque de Claude (1). Cette magnifique
Bibliothèque,enrichie parles descendants de son fondateur, sui-
vit à Paris la fortune de la famille d'Urfé, et fut mise en vente
en l'année 1770. La plus grande portion, la plus richedu moins,
fut acquise par le savant duc de la Valliere, dont la Bibliothè-
que, vendue après sa mort, passa en grande partie dans la


  (1) Lesd'UrfC, pag. 46.