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 primordiale, s'est attaché à déconsidérer l'orphisme comme
 un système postérieur aux guerres médiques, comme une
 tentative analogue à celles des Alexandrins pour retremper
 les croyances nationales, déjà défaillantes, dans les supersli"
 lions de l'Asie. Mais la morgue et la brutalité luthérienne du
 professeur de Rœnigsberg, l'acharnement avec lequel il pré-
 tend poursuivre le papisme caché sous les opinions de ses
 adversaires, suffiraient pour nous laisser soupçonner en sa
 personne un des instruments de la singulière propagande
 exercée aujourd'hui dans les universités de la Prusse, si d'ail-
 leurs le texte unique d'Hérodote, sur lequel s'élève le vaste
 échaffaudage de ses hypothèses et de ses citations (Euterpe,
 53), n'était expliqué par d'autres passages concluants en fa-
 veur de Creutzer (ibid., 49-51, e t c . , etc.). Au reste, le légis-
lateur de la Thrace, l'époux d'Eurydice, dont l'existence per-
due dans la nuit des siècles était déjà un problème pour les
contemporains de Cicéron, ne saurait être l'auteur des trois
livres principaux qu'on lui a communément attribués: VAr-
gpnaulicjue, les Hymnes, le poème les Pierres. Les H y m n e s ,
selon les plus complaisantes conjectures, ne sauraient remon-
ter au-delà du temps de Pisistrate. Mais sous la nouvelle r é -
daction qu'elles subirent alors, peut-être se conservèrent les
liturgies du sacerdoce primitif. Ainsi du moins semblent l'in-
diquer ces longues et pompeuses litanies qui, à la suite de
chaque divinité, reproduisent ses innombrables attributs, et
rappellent inévitablement les formes de la poésie indienne :
les deux grandes invocations à Pan et à la Nature sont-elles
autre chose qu'un lointain écho des chants répétés par les
Brahmes à la gloire de Siva et de Prakriti ? l'Argonaulique,
version succincte et incomplète d'une fable souvent célébrée
parmi les poètes cycliques, regardée tour â tour par la criti-
que comme l'ouvrage d'Onomacrile, contemporain d'Eschyle,
ou d'un faussaire byzantin du septième siècle, ne laisse pas
d'offrir un intérêt incontestable par le périple bizarre qui s'y
trouve décrit, et qui pourrait éclairer dans quelques unes de