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      DE L'ANCIENNE TRAGÉDIE
                                      ET



              DU DRAME MODERNE(1).




   La tragédie telle que l'avaient              comprise    les Grecs ,
et telle que les Français l'ont réalisée d'après eux                   au
dix-septième siècle, est une forme très belle à plusieurs
é g a r d s , b o n n e et légitime        en   son   temps ,   pour    le
b u t qu'elle se proposait d'atteindre. S o p h o c l e , E u r i p i d e ,
et après eux C o r n e i l l e , Racine , V o l t a i r e , nous ont fourni
incontestablement de beaux spectacles , lorsqu'ils nous o n t
m o n t r é , les uns la représentation h é r o ï q u e , la lutte ter-
rible de l'homme contre le destin, les autres le                  combat
déchirant de la passion aux prises avec le devoir. Ces maîtres
tragiques ont eu aussi leur raison p o u r accepter le j o u g des
règles. Les unités de t e m p s , de lieu, d ' a c t i o n , et même
de s t y l e , étaient p o u r eux autant de moyens, de calculs, de
combinaisons p r o p r e s à n o u e r le triple lien nécessaire de la
simplicité, de la force et de l ' h a r m o n i e . Alors qu'il s'agis-

  (1) La présence de Ligier sur notre scène remet celte queslion à l'ordre
du jour , queslion que Bouffé vieut, selon nous, de résoudre on faveur du
drame.