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les seules inductions du bon sens, une étrange idée sur l'es-
prit qui fit agir les Hébreux au désert; il prétend que le lé-
gislateur se trompa, et que, dans leurs danses et dans leurs
chants, ils n'avaient point eu la coupable pensée de célébrer
Un dieu autre que le dieu qui les avait tirés de la terre d'E-
gypte, mais qu'ils avaient seulement voulu rendre un hom-
mage public au frère même de Moïse, à Aaron, en le plaçant
au milieu du camp, sous l'emblème d'un bœuf. Ce n'est pas,
dit-il, que l'on puisse conclure de là précisément que « Moïse
« ignorât la langue hébraïque, ni même ses différents dia-
« lecles ; ( et vous voyez qu'il veut bien faire en cela une
très honnête concession au législateur hébreu); « mais on
« peut très raisonnablement en inférer, ajoute-t-il, que son
« génie ne descendit point, en celle circonstance, jusqu'à la
« glèbe, et que Moïse trompé, prenant à la lettre une espèce
« de calcmbourg matériel, trompa tous ses lecteurs. Il prit
« des honneurs pour un véritable culte, parce qu'il savait
« que les Egyptiens adoraient le bœuf (1). »
   Au reste, l'auteur, comme s'il eût assisté en personne à
celte fête donnée par le peuple à Aaron dans le désert, loue le
bon goût de ceux qui en firent les apprêts : « Ce monument
« de reconnaissance publique, dit-il, tout réduit qu'il était,
« n'en était pas moins digne du luxe oriental, et le plus ri-
« che dont parle l'histoire (2). »
   Aussi, combien lui paraît répréhensible la précipitation
de Moïse à blâmer cette innocente manifestation de grati-
tude ! et ce qui accroît à ses yeux la faute que le législateur
commit en celte circonstance où son génie ne sut pas descen-
dre jusqu'à la plèbe, c'est que cette plèbe qui chantait ainsi
et dansait autour d'un veau d'or pris pour emblème, ne fai-

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