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nature simple et naïve, c'est bonhomie pure. Il chante,
c'est son plaisir, non la mission qu'il se donne, non le but
qu'il se propose : il chante et la poésie coule à flots de ses
lèvres. »
   Souvent le nom de Lafontaine revient sous la plume de
Topffer, et toujours il semble se le proposer pour mo-
dèle. C'est qu'en effet il existe plus d'un rapport entre
ces deux écrivains : même simplicité d'images et de style,
même candeur d'expressions, même modestie. Topffer vit
retiré dans une petite campagne, près de Genève, où il
consacre sa vie à former l'esprit et le cœur de trente jeunes
élèves ; tout dans ses habitudes, dans son maintien, dans
son langage, dans son costume, rappelle l'homme primitif,
patriarchal, qui fuit les bruits du monde, qui veut couler
ses jours dans un cercle étroit d'intimité, qui aime à s'en-
tretenir avec soi-même ; s'il écrit, c'est pour lui, pour ses
disciples, ou pour quelques amis seulement, et chacune de
de ses pages réfléchit quelque chose de sa personnalité
bonne et aimante. La gloire, qu'il ne cherchait pas, est
allé prendre ses œuvres, mais elle n'a pu le décider à
quitter sa paisible retraite. Au milieu du monde, il appor-
terait, à la vérité, son style, mais il ne s'appartiendrait plus
autant. Le choc des faits extérieurs, en détournant son
esprit du spectacle de lui-même, lui ravirait cette poésie
du souvenir qui fait son originalité, sa grandeur.
  Voulez-vous connaître le secret de sa force ? le voici :
a     Charme bien grand ! pouvoir légitimement dormir,
ne rien faire, rêver      et cela, à cet âge de l'enfance où
notre propre compagnie est si douce, notre cœur si riche
en entretiens charmants, notre esprit si peu difficile en
jouissances ; où l'air, le ciel, la campagne, les murs ont
tous quelque chose qui parle, qui émeut 5 où un acacia est