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156 la suite, si toutefois il faut avoir une consolation alors qu'on doit se soumettre a u n e loi toute juste. Il est, en effet, peu de propriétaires agriculteurs qui n'aillent souvent à la ville voisine pour leurs affaires, ou qui n'y envoyenl leurs domestiques pour acheter ou pour vendre. Dans chacun de ces voyages l'octroi prélève inévitablement son droit d'aubaine ; la suppression des octrois leur serait donc favorable sous ce point de vue. Quelques esprits timorés pourraient craindre peut-être que l'agriculture ne souffrit de l'augmentation d'impôts directs que causerait le changement proposé. Une telle crainte serait mal fondée. Toute association est solidaire dans ses actes, dans sa com- position, dans tout ce qui se rattache à son existence. Elle éprouve le ressentiment de toute perte, et le reflet de toute amélioration. Dans l'association sociale, cette corélation des faits, cette correspondance des bonnes ou des mauvaises chances, celle sensibilité générale se manifestent avec une intensité remarquable et des plus complètes. Le temps est passé où deux grands ministres, égarés par les erreurs contemporaines de la science économique, alors à peine naissante, faisaient reposer sur la prospérité exclusive^ l'un de l'agriculture, l'autre de l'industrie, la prospérité de la nation. Parties intégrantes de l'association nationale, ces deux grands éléments de la richesse publique sont unis par une solidarité intime. Ils vivent et se soutiennent l'un par l'autre, recevant un puissant appui du commerce, leur frère commun. Ces vérités sont banales à force d'avoir été prouvées. On sait aujourd'hui qu'il faut égale protection^ égaux encoura- gements à l'agriculture, au commerce et à l'industrie, parce que réunis ils sont forts, parce que également encourages ils prospèrent, parce que frères, associés el solidaires, le malaise de l'un, quelqu'il soitj nuit inévitablement aux autres. Donc ce qui nuit au prolétaire industriel nuit à l'industrie, el ce qui nuit à l'industrie nuit au commerce et à l'agriculture,