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120 Il suivit le gros de l'armée, et prit part aux affaires qui ouvrirent aux Français les portes du Caire. En l-hermidor suivant, il fit partie du corps d'armée qui chassa, vers la Syrie, le bey commandant (Ibrahim), le pacha, ainsi que le reste des Mamelucks, et il construisit la forteresse de Sa- lehieh pour défendre l'Egypte du côté de la Syrie. Pendant qu'il était occupé à ces travaux, les savants et les artistes de l'expédition formaient au Caire cet Institut d'Egypte, dont plusieurs mémoires parvinrent à l'Institut de France. Mon frère était absent, mais on savait qu'il était propre aux occupations bienfaisantes de la paix, bien plus qu'aux tristes exploits de la guerre; il ne fut point oublié, et celte estimable Société voulut le compter au nombre de ses membres. Lorsqu'il fut de retour au Caire, il paya son tribut à l'Institut en s'occupant de plusieurs observations d'utilité publique, et en faisant plusieurs mémoires qui avaient pour but d'améliorer le sort de la colonie. Lorsqu'une partie de l'armée partit pour la Syrie, l'é- lite du corps du génie fut de l'expédition ; Horace y suivit Dufalga. Les dangers, les fatigues que nos compatriotes éprouvèrent sont inexprimables. Hélas ! mon pauvre frère ne devait pas y résister... il eut le bras droit emporté sous les murs de la ville d'Acre ; l'amputation fut faite : et déjà les suites de l'opération donnaient les plus belles espérances, il avait résisté à ce coup-là , mais il était réservé à en recevoir un autre encore plus sensible. Son chef et son ami, le malheureux Dufalga meurt, et c'est dans le délire du chagrin que lui cause cette perte, précédée de plusieurs autres que la retraite est résolue. Mon frère est transporté à Quaysarié, où l'on fait quelque séjour, mais dès le lendemain il n'était plus. Ah ! longtemps il vi- vra dans le souvenir de ses camarades, de ses amis, de ses parents dont il était adoré; de sa jeune épouse, d'un frère, le plus ancien, le meilleur de ses amis qui ne peut tracer ces lignes sans les inonder de larmes. Qu'est devenu ce temps où, habitant sous le même toit, occupés des mêmes études , satisfaits de goûter les mêmes plaisirs, nous nous communiquions toutes nos pensées, et nous nous entendions toujours avant d'avoir parlé? Hélas ! malgré tant de projets de réunion renouvelés