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   Nous voudrions également pouvoir transcrire ici les pièces
suivantes : A ma Mère, Quarante ans, La Mort du général Foy,
et bien d'autres qui, bien qu'en des genres différents, laissent
deviner l'exquise tendresse, la résignation philosophique, et
presque sous tous les rapports, la rectitude du jugement de
l'auleur.
   M. de Sugny s'est encore exercé avec bonheur dans le genre
de la fable et du poème comique; mais nous croyons qu'il eût
bien fait de s'abstenir d'essayer la comédie, avant d'avoir suf-
fisamment éludié le théâtre. Stainville, ou les deux Alchimistes,
repose sur une intrigue invraisemblable et manque d'arran-
gement scénique. Notre compatriote mérite trop pour que
nous lui taisions ce que nous pensons être la vérité de la criti-
que.
   En résumé le talent de M. de Sugny est simple, gracieux et
très correct, mais à raison peut-être de cette correction exces-
sive, il n'a pas la hardiese qui crée l'originalité. Son travail est
facile et trop facile, de telle sorte que l'auteur n'a pas même
le temps d'apercevoir qu'à côlé de fort beaux vers, quelques
aulres moins heureux marchent avec l'allure de la prose ver-
sifiée. Tous les poètes ont plus ou moins encouru ce reproche,
mais ce ne saurait être une excuse surtout dans ce qui touche
à l'ode : la poésie, cette fille aînée de la langue humaine, ce
type de l'harmonie et du beau dans la parole, la poésie doit,
autant que possible, se rapprocher de l'invariable perfection
de la forme.
   Quoiqu'il en soit, la Gerbe littéraire sera certainement ac-
cueillie avec empressement par tout ce que notre ville compte
de littérateurs. Les moissons poétiques sont trop rares chez les
Lyonnais proprement dits pour qu'on laisse au vent de l'indif-
férence le soin d'en dissiper les riches épis.

                                                 F . La S