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91 Il le passera donc quelques torts de conduite; Ce qu'il ne peut souffrir, c'est qu'on soit hypocrite, Qu'on ait de beaux dehors et d'odieux desseins, Et qu'on morde son maître en lui léchant les mains. Mais celte perfidie en toi n'est point entrée, Neigeau; ton œil est fier, ta démarche assurée, Et tout ce que tu sens, peine, plaisir, amour, Par des signes certains se révèle au grand jour. J'approuve cette allure et la trouve honorable. Il me fâcherait trop que tu fusses semblable A ces ambitieux, chiens-couchants du pouvoir, Qui d'èlre bas et vils s'imposent le devoir, Et qui dans l'antichambre étalant leurs grimaces, Se mettent en arrêt devant toutes les places. Oui, tu vaux cent fois mieux que ces beaux courtisans, Animaux affamés, fourbes et malfaisants; Tu rends service à l'homme, eux ne font que lui nuire. Ailleurs, l'écrivain veul peindre notre compatriote, M. Sau- zet, et voici comment il s'exprime : M. SACZET. Mon honorable condisciple Dont la gloire connaît le nom Est-il facile à peindre ? oh non ! C'est un personnage multiple. Dans un salon, il verse à flots Plus pressés que l'Oise ou la Nièvre. Les calembourgs, les jeux de mots : Vous diriez le marquis de Bièvre. Au palais, il a de Gerbier Le feu, la rondeur, l'abondance ; A la tribune de la France, De Cazalès c'est l'héritier. Or, m'est avis que la nature Mit ces trois hommes au creuset, Souffla dessus outre mesure, Et pour produit donna Sauzct.